IN THE MOOD FOR DEAUVILLE 2024Site créé en 2003 par la romancière Sandra Mézière. Blog cinéma sur Deauville et le Festival du Cinéma Américain. Pour l'actualité cinéma quotidienne et son actualité d'auteure, rendez-vous sur Inthemoodforcinema.com.2024-03-12T13:20:54+01:00All Rights Reserved blogSpiritHautetforthttp://www.inthemoodfordeauville.com/Sandra Mézièrehttp://www.inthemoodfordeauville.com/about.htmlCRITIQUE de PAST LIVES – NOS VIES D’AVANT de CELINE SONGtag:www.inthemoodfordeauville.com,2024-02-19:64859402024-02-19T13:01:18+01:002024-02-19T23:57:00+01:00 Selon Baudelaire, « La mélancolie est l’illustre...
<p style="text-align: center;"><img id="media-6512916" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://www.inthemoodfordeauville.com/media/01/01/1602718669.jpg" alt="past lives.jpg" /></p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;">Selon Baudelaire, « La mélancolie est l’illustre compagnon de la beauté. Elle l’est si bien que je ne peux concevoir aucune beauté qui ne porte en elle sa tristesse. » Une citation qu’illustre parfaitement ce film d’une mélancolie subrepticement envoûtante.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;">Cela commence dans un bar à New York. Quelqu’un observe un trio (une femme et deux hommes) de l’autre côté du comptoir, interpellé par son étrangeté, s’interrogeant sur le lien qui peut bien les unir. La femme et un des deux hommes semblent en effet particulièrement complices. La première tourne le dos au deuxième homme, comme s’il n’existait pas. Qu’est-ce qui réunit ces trois-là ? Quelles peuvent être les relations entre eux ? Pourquoi la femme a soudain cette expression sur son visage, entre joie et nostalgie (entre « joie » et « souffrance » dirait Truffaut) ? Le flashback va répondre à cette question…</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;">Nous retrouvons Nayoung (Moon Seung-ah) et Hae Sung (Seung Min Yim) à l’âge de douze ans. Ils sont amis d’enfance, inséparables, complices. Ils vont à la même école à Séoul et se chamaillent tendrement quand il s’agit d’avoir la première place à l’école. Jusqu’au jour où les parents de Nora, artistes, décident d’émigrer pour le Canada. Douze ans plus tard, Nayoung devenue Nora (Greta Lee), habite seule à New York. Hae Sung (Teo Yoo), lui, est resté à Séoul où il vit encore chez ses parents pour suivre des études d’ingénieur. Par hasard, en tapant son nom sur internet, Nora découvre que Hae Sung a essayé de la retrouver. Elle lui répond. Ils retrouvent leur complicité d’avant. Au bout de plusieurs mois, Nora décide de suspendre ces échanges, face à l’impossibilité de se retrouver, et devant l’importance que prennent ces conversations et les sentiments qui les unissent. Mais douze ans plus tard, alors que Nora est désormais mariée à un Américain, Arthur (John Magaro), Hae Sung décide de venir passer quelques jours à New York.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;">Celine Song s’est inspirée de sa propre histoire. Elle a ainsi quitté la Corée à l’âge de 12 ans pour Toronto, avant de s’installer à New York à vingt ans.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;"><em>Inyeon.</em> Cela signifie providence ou destin en coréen. Si deux étrangers se croisent dans la rue et que leurs vêtements se frôlent cela signifie qu’il y a eu 8000 couches de inyeon entre eux. La réalisatrice explique ainsi ce en quoi consiste ce fil du destin : « Dans les cultures occidentales, le destin est une chose que l’on doit impérativement réaliser. Mais dans les cultures orientales, lorsqu’on parle d’"inyeon", il ne s’agit pas forcément d’un élément sur lequel on peut agir. Je sais que le "inyeon" est une notion romantique, mais en fin de compte, il s’agit simplement du sentiment d’être connecté et d’apprécier les personnes qui entrent dans votre vie, que ce soit aujourd’hui, hier ou demain ». « Il n’y a pas de hasard. Il n’y a que des rendez-vous » écrirait Éluard…</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;">Quand Nora a changé de pays, elle a laissé derrière elle : son prénom asiatique, son amour d’enfance, la Corée. <em>Past lives - nos vies d'avant</em> est d’abord le récit d’un déracinement. Quand nous la retrouvons à New York, nous ne voyons jamais sa famille, comme si elle avait été amputée d’une part d’elle-même. C’est l’histoire d’un adieu. De l’acceptation de cet adieu, de ce qu’implique le Inyeon, d’une porte sur le passé et l’enfance qu’il faut apprendre à fermer. Rien n'est asséné, surligné. Tout est (non) dit en délicatesse, en silences, en mains qui pourraient se frôler, en regards intenses, en onomatopées qui en disent plus que de longs discours. Pas seulement pour ce qui concerne les liens entre Nora et Hae-Sung mais aussi les ambitions littéraires de la première dont des indices fugaces nous laissent deviner qu'ils ne sont peut-être pas à la hauteur de ses rêves. Comme si, cela aussi appartenait à une vie passée...</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;">Dans cette époque de fureur, de course effrénée et insatiable au résultat et à l’immédiateté, y compris dans les sentiments, ce refus du mélodrame, de l’explicite et de l’excès, n’est pas du vide, mais au contraire un plein de sensations et troubles contenus qui nous enveloppent, nous prennent doucement par la main, jusqu’à la fin, le moment où surgit enfin l’émotion, belle et ravageuse.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;">Celine Song a ainsi déclaré : « Je voulais mettre en scène des relations qui ne soient pas définissables. Ce qui unit mes trois personnages ne se résume pas en un mot ou une expression. Leur relation est un mystère, et le film est la réponse à ce mystère. <em>Past Lives - Nos vies d'avant</em> n’est pas un film sur les liaisons amoureuses. C’est un film sur l’amour. »</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;">Et c’est aussi là que réside la beauté de ce film. Il n’y a pas de disputes, d’adultère, de fuite. Mais une confrontation à soi-même, à son être profond, comme un miroir tendu à Nora la confrontant à son passé et son devenir. Aucun des trois personnages n’est ridiculisé ou caricatural. Ils agissent avec maturité, empathie, compréhension. Ce que le film perd peut-être (judicieusement) en conflits, il le gagne en singularité et profondeur. Il sublime l'implicite, aussi, comme l'ont fait, sublimement, Wong Kar Wai ou Sofia Coppola (dans <em>Lost in translation</em>) avant Celine Song.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;">Christopher Bear et Daniel Rossen ont signé la musique aux notes cristallines, là aussi jamais redondantes ou insistantes, accompagnant le mystère qui lie les personnages, et magnifiant leurs silences. Se joignent à ces musiques celles de Leonard Cohen, John Lee Hooker, John Cale ou encore du Coréen Kim Kwang Seok,. La réalisation privilégie l’intime, sans négliger les décors, Céline Song filme ainsi New York nimbée de lueurs romantiques, quand Hae Sung et Nora la (re)découvrent ensemble.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;">Ce film tout en retenue, ensorcelante, est un joyau de pudeur, de subtilité, d’émotions profondes que l’on emporte avec soi une fois la porte de Nora refermée, et celle de son cœur avec, une fois celui-ci s'étant laissé brusquement envahir et submerger. Et le nôtre avec. LE film à voir absolument en cette fin d'année et en cette période d'actualités tragiquement indicibles : une bulle de douceur réconfortante, comme un conte (lucide et mélancolique) de Noël, murmuré.</span></p>
Sandra Mézièrehttp://www.inthemoodfordeauville.com/about.htmlPrix d'Ornano-Valenti 2023 - Critique RIEN À PERDRE de DELPHINE DELOGETtag:www.inthemoodfordeauville.com,2024-03-12:64891962024-03-12T13:20:54+01:002023-09-09T23:19:00+02:00 Programmé dans la section Un Certain Regard du dernier Festival de...
<p style="text-align: center;"><img id="media-6518003" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://www.inthemoodfordeauville.com/media/00/01/1489746202.jpg" alt="rienn à perdre 2.jpg" /></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;">Programmé dans la section Un Certain Regard du dernier Festival de Cannes, ce premier long-métrage de fiction de la documentariste Delphine Deloget (notamment lauréate du prix Albert-Londres 2015 dans la catégorie audiovisuel), a obtenu le Prix d'Ornano--Valenti de ce Festival du Cinéma Américain de Deauville 2023, un prix toujours synonyme de belles découvertes.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;">Ce film est d'abord un magnifique portrait de femme, prise au piège de mécanismes et d’une réalité qui la dépassent.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;">Virginie Efira incarne ici Sylvie qui vit à Brest avec ses deux enfants, Sofiane et Jean-Jacques. Elle travaille dans un bar et le soir doit donc laisser ses enfants seuls. Une nuit, Sofiane se blesse alors qu’il est seul dans l’appartement : en voulant se faire des frites, il fait exploser la friteuse. Les services sociaux sont alertés et placent l’enfant en foyer, le temps de mener une enquête. C’est alors la cellule familiale qui explose, aussi. Persuadée d’être victime d’une erreur judiciaire, Sylvie se lance dans un combat pour récupérer son fils, persuadée qu’elle sera plus forte que la machine judiciaire…</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;">Ce film nous tient en haleine de la première à la dernière seconde, en empathie avec cette mère aimante et attentionnée à qui on enlève son enfant, qui révèle peu à peu ses zones d’ombre, parfois un peu d’inconscience, une vie de bohème, mais rien qui ne semble justifier l’inhumanité de l’institution à son égard et à l’égard de son enfant.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;">Sous prétexte de le protéger d’une éventuelle maltraitance, le point de vue de l’enfant est nié, et ses troubles du comportement ne font alors que croître. Le film aborde cette réalité dans toute sa complexité, sans manichéisme, le passé de documentariste de Delphine Deloget servant sans aucun doute le long-métrage pour lui procurer cette humanité nuancée.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;">Le film aborde aussi le thème de la séparation sous différents angles. L’aîné se cherche lui aussi, aspire à trouver son indépendance. Virginie Efira prouve une nouvelle fois l’étendue de son talent, éclatant dans les deux films projetés cette année à Cannes (l’autre était <em>L’amour et les forêts</em> de Valérie Donzelli su les violences psychologiques faites aux femmes.)</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;">Le film de Delphine Deloget met en exergue les dysfonctionnements d’une machine administrative rigide et implacable qui sous prétexte de ne pas passer à côté d’un cas de maltraitance broie les êtres qu’elle est censée protéger. Voir cette famille unie ainsi déchirée, la mère de famille peu à peu sombrer (et finalement par leur faute donner raison aux services sociaux), la surdité de l’administration (remarquable India Hair), ses deux frères (formidables Arieh Worthalter et Mathieu Demy) se démener pour l’aider, et le mal-être évident de l’enfant (et de son frère aîné à qui on essaie de faire avouer des blessures passées dont lui-même n’avait pas conscience) …tout cela touche en plein cœur. Un film poignant qui ouvre aussi le débat sur une réalité, comme le ferait un passionnant documentaire.</span></p>
Sandra Mézièrehttp://www.inthemoodfordeauville.com/about.htmlPremière - Critique de LA ZONE D’INTÉRÊT de Jonathan Glazertag:www.inthemoodfordeauville.com,2024-03-11:64890572024-03-11T13:02:07+01:002023-09-08T06:58:00+02:00 Photo ci-dessus : présentation du film dans le cadre du...
<p style="text-align: justify;"><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;"><img id="media-6503103" title="" src="http://www.inthemoodforcinema.com/media/01/02/815200025.jpg" alt="cinéma,critique,film,la zone d'intérêt de jonathan glazer,la zone d'intérêt,jonathan glazer,the zone of interest,critique de la zone d'intérêt de jonathan glazer,festival de cannes 2023,grand prix festival de cannes 2023,sandra hüller,festival du cinéma américain de deauville 2023,dinard festival du film britannique 2023" /></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;"><img id="media-6476424" title="" src="http://www.inthemoodforcinema.com/media/02/01/715152172.jpg" alt="cinéma, critique, film, La zone d'intérêt de Jonathan Glazer, La zone d'intérêt, Jonathan Glazer, The zone of interest, critique de la zone d'intérêt de Jonathan Glazer, Festival de Cannes 2023, Grand Prix Festival de Cannes 2023, Sandra Hüller, Festival du Cinéma Américain de Deauville 2023, Dinard Festival du Film Britannique 2023" /></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;"><em>Photo ci-dessus : présentation du film dans le cadre du Festival du Cinéma Américain de Deauville 2023</em></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;"><em>La Zone d’intérêt </em>figurait parmi les films en compétition du dernier <a href="http://inthemoodforcannes.com/">Festival de Cannes </a>(d’où il est reparti avec le Grand Prix), et fut présenté hier en avant-première au <a href="http://inthemoodfordeauville.com/">Festival du Cinéma Américain de Deauville.</a></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;">Rarement un film m’aura autant bousculée, de la première à la dernière seconde, et hantée, des jours après. Cela commence par un écran noir, interminable, tandis que des notes lancinantes et douloureuses viennent déjà heurter notre tranquillité, nous avertir que la sérénité qui lui succèdera sera fallacieuse. La première scène nous donne à voir une image bucolique, celle d’une famille au bord d’une rivière par une journée éclatante. Celle de Rudolf Höss, commandant d’Auschwitz de 1940 à 1943, qui habite avec sa famille dans une villa avec jardin, juste derrière les murs du camp. À qui ignorerait l’histoire (et l’Histoire) et ne serait pas attentif, la vie de cette famille semblerait de prime abord presque « normale ». Un air de vacances et de gaieté flotte dans l’air. Les corps s’exhibent, en pleine santé. Pourtant c’est dans cette normalité, cette banalité que réside toute l’horreur, omniprésente, dans chaque son, chaque arrière-plan, chaque hors-champ. Cette <em>zone d’intérêt</em>, ce sont les 40 kilomètres autour du camp, ainsi qualifiés par les nazis. Une qualification qui englobe déjà le cynisme barbare de la situation. La biographie de Rudolf Höss avait inspiré <em>La mort est mon métier </em>de Robert Merle, puis le roman <em>The Zone of Interest </em>de Martin Amis (publié chez Calmann-Lévy en 2015) dont le film est adapté. Il décrit le quotidien de cet artisan de l’horreur avec Hedwig, son épouse et leurs cinq enfants.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;">Avant même le premier plan, ce qui nous interpelle, c’est le son, incessant, négation permanente de la banalité des scènes de la maisonnée. C’est le bruit d’un wagon. Ce sont des cris étouffés. Ce sont des coups de feu. Ce sont des aboiements. Ce sont ces ronronnements terrifiants et obsédants des fours crématoires. Mais c’est l’arrière-plan aussi qui teinte d’horreur tout ce qui se déroule au premier, cette indifférence criante qui nous révulse. C’est la vue de cette cheminée, juste au-dessus du jardin, dont une fumée noire s’échappe, sans répit. Ce sont les barbelés. C’est ce prisonnier qui s’affaire dans le jardin du Commandant. C’est la vue de ces trains qui ne cessent d’arriver. Ce sont ces os que charrie la rivière. L’horreur est là, omniprésente, et pourtant insignifiante pour les occupants de la zone d’intérêt qui vivent là comme si de rien n’était, comme si la mort ne se manifestait pas à chaque seconde. La vie est là dans ce jardin, entre le père qui fume, les pépiements des oiseaux et les cris joyeux des enfants, éclaboussant de son indécente frivolité la mort qui sévit constamment juste à côté. La « banalité du mal » définie par Hannah Arendt représentée dans chaque plan.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;">Hedwig Höss se glorifie même d’être gratifiée du titre de « reine d’Auschwitz » par son mari. Hedwig est en effet très fière : de son statut, de ce qu’elle fait de sa maison, surtout de son jardin, avec sa serre et sa piscine. Son havre de paix au cœur de l’horreur absolue. Son mari est muté. Pour elle, l’horreur absolue s’inscrit cependant là : dans la perspective de devoir déménager de son « paradis ». Cette « zone d’intérêt » qu’elle ne quitterait pour rien au monde. Ce cliché de propagande nazie.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;"><img id="media-6476427" title="" src="http://www.inthemoodforcinema.com/media/00/02/1891847746.jpg" alt="cinéma, critique, film, La zone d'intérêt de Jonathan Glazer, La zone d'intérêt, Jonathan Glazer, The zone of interest, critique de la zone d'intérêt de Jonathan Glazer, Festival de Cannes 2023, Grand Prix Festival de Cannes 2023, Sandra Hüller, Festival du Cinéma Américain de Deauville 2023, Dinard Festival du Film Britannique 2023" /></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;"><img id="media-6476428" title="" src="http://www.inthemoodforcinema.com/media/02/02/2356414846.jpg" alt="cinéma, critique, film, La zone d'intérêt de Jonathan Glazer, La zone d'intérêt, Jonathan Glazer, The zone of interest, critique de la zone d'intérêt de Jonathan Glazer, Festival de Cannes 2023, Grand Prix Festival de Cannes 2023, Sandra Hüller, Festival du Cinéma Américain de Deauville 2023, Dinard Festival du Film Britannique 2023" /></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;">Claude Lanzmann (dont le documentaire <em>Shoah</em>, reste l’incontournable témoignage sur le sujet, avec également le court-métrage d’Alain Resnais, <em>Nuit et brouillard</em>) écrivit ainsi : « L’Holocauste est d’abord unique en ceci qu’il édifie autour de lui, en un cercle de flammes, la limite à ne pas franchir parce qu’un certain absolu de l’horreur est intransmissible : prétendre pourtant le faire, c’est se rendre coupable de la transgression la plus grave. » Le film de Glazer a cette intelligence-là : ne jamais montrer l’intransmissible. L’imaginer est finalement plus parlant encore. Ainsi, nous ne voyons rien de ce qui se déroule dans le camp mais nous le devinons. Nous ne voyons que des objets appartenant aux déportés qui contiennent en eux des destins tragiques et racontent la folie des hommes : un manteau de fourrure, des vêtements d'enfants, des bijoux, ou ce rouge à lèvres appartenant à une déportée qu’Hedwig s’applique soigneusement, et dans cette application en apparence insignifiante s’insinue le souffle glaçant de la mort qui la sous-tend. Le film adopte la retenue qui sied au sujet, au respect des victimes dont l’absence à l’image ne contribue pas à les nier mais n’est que le reflet de ce qu’elles étaient pour leurs bourreaux : des chiffres, des êtres dont on occultait sans état d'âme l'humanité. Le dénouement leur rend la lumière et la dignité. <em>La Zone d’intérêt </em>a été tourné à Auschwitz même, encore une fois avec ce souci, de respect des victimes et de fictionnaliser le moins possible. Pas d’esthétisation. Pas de lumière artificielle. Le sentiment de contemporanéité n’en est que plus frappant.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;">Sandra Hüller figurait au générique de deux films remarquables en compétition du Festival de Cannes 2023, puisqu’elle incarne aussi la Sandra de <a href="http://www.inthemoodforcinema.com/archive/2023/08/15/critique-de-anatomie-d-une-chute-de-justine-triet-palme-d-or-6456747.html"><em>Anatomie d’une chute</em> de Justine Triet</a>, la palme d’or de cette édition. Révélée à Cannes en 2016 dans <em>Toni Erdmann</em>, dans le film de Justine Triet, elle est impressionnante d’opacité, de froideur, de maitrise, d’ambiguïté. Ici, dans le rôle d'Hedwig, elle est carrément glaçante. Elle se délecte à essayer un manteau de fourrure trop grand pour elle dont il est aisé de deviner l’origine. Elle distribue des vêtements à ses amis dont la provenance ne fait aucun doute là non plus. Elle est si fière d’être cette femme à la vie si privilégiée, clamant qu’elle a une vie « paradisiaque » dans ce jardin qu’elle montre avec orgueil à sa mère, comme cette chambre d’enfant où elle l’héberge, avec fenêtre sur les miradors et cheminées. Elle est monstrueuse dans l’apparente normalité de ses gestes et paroles, et laissant même éclater toute sa violence lorsqu’une assiette n’est pas là où elle doit être. Ou quand elle demande à « Rudolf » de l'« emmener encore dans ce spa italien » tandis que rugissent les fours crématoires, et la mort, alors qu’elle ne pense qu’à jouir de la vie, sans scrupules.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;">Pour le Commandant (Christian Friedel), seule compte la fierté de servir le 3ème Reich. Obstinément. Des industriels viennent louer les qualités de leurs fours, comme s’il s’agissait d’un quelconque produit industriel. Comment ne pas avoir la nausée devant l’ignominieuse distance et l’abominable froideur avec lesquelles ils discutent des modalités de la solution finale et du principe d’un "four crématoire circulaire"<em> ?</em> Les réunions des directeurs de camps sont aussi nauséeuses dans leur apparence ordinaire. Il est question d’efficacité, de rendement, de logistique. Comme si rien de tout cela ne concernait des êtres humains, et leur mort atroce.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;"><img id="media-6476429" title="" src="http://www.inthemoodforcinema.com/media/00/01/3432145559.jpg" alt="cinéma, critique, film, La zone d'intérêt de Jonathan Glazer, La zone d'intérêt, Jonathan Glazer, The zone of interest, critique de la zone d'intérêt de Jonathan Glazer, Festival de Cannes 2023, Grand Prix Festival de Cannes 2023, Sandra Hüller, Festival du Cinéma Américain de Deauville 2023, Dinard Festival du Film Britannique 2023" /></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;"> Une folie qui semble contaminer jusqu’aux enfants quand l’un enferme son frère dans la serre. On pense alors au chef-d’œuvre de Michael Haneke, <em>Le ruban blanc</em>. Ce ruban blanc, dans le film d’Haneke, c’est le symbole d’une innocence ostensible qui dissimule la violence la plus insidieuse et perverse. Ce ruban blanc, c’est le signe ostentatoire d’un passé et de racines peu glorieuses qui voulaient se donner le visage de l’innocence. Ce ruban blanc, c’est le voile symbolique de l’innocence qu’on veut imposer pour nier la barbarie, et ces racines du mal qu’Haneke nous fait appréhender avec effroi par l’élégance moribonde du noir et blanc. Ces châtiments que la société inflige à ses enfants en évoquent d’autres que la société infligera à plus grande échelle, qu’elle institutionnalisera même pour donner lieu à l’horreur suprême, la barbarie du XXème siècle. Cette éducation rigide va enfanter les bourreaux du XXème siècle dans le calme, la blancheur immaculée de la neige d’un petit village a priori comme les autres. La forme, comme dans le film de Glazer, démontre alors toute son intelligence, elle nous séduit d’abord pour nous montrer toute l’horreur qu’elle porte en elle et dissimule à l’image de ceux qui portent ce ruban blanc.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;">Je ne saurais citer un autre film dans lequel le travail sur le son est aussi impressionnant que dans <em>La Zone d’intérêt</em>, la forme sonore tellement au service du fond (parmi les films récents, je songe au long-métrage de Vincent Maël Cardona, <a href="http://www.inthemoodforcinema.com/archive/2022/04/06/critique-les-magnetiques-de-vincent-mael-cardona-prix-d-orna-6375332.html"><em>Les Magnétiques</em></a> mais le sujet est à des années-lumière de celui du film de Glazer) : cette dichotomie permanente entre ce vacarme et l’indifférence qu’il suscite. Ce grondement incessant qui nous accompagne des jours après. Les musiques composées par Mica Levi et les sons du concepteur sonore Johnnie Burn sont pour beaucoup dans la singularité de cette œuvre et dans sa résonance. Ces dissonances qui constamment nous rappellent que tout cela n'a rien de normal, qui nous oppressent. Et au cas où nous aurions souhaité occulter ce que ces sons représentent, ce qui se joue là, derrière les discussions sur la façon d’agencer le jardin ou les jeux des enfants, un écran brusquement rouge vient nous heurter, comme un écho à l’écran noir du début, nous signifiant bien que ce paradis bucolique masque un enfer, que le vert qui envahit l’écran n’est là que pour masquer le rouge qui déferle à quelques mètres. Seules des parenthèses en négatif laissent éclater un peu d’humanité (lueur d’espoir apparaissant alors comme irréalité au milieu de cette inconcevable réalité), et peut-être le départ anticipé de la mère d’Hedwig avec un mot dont nous ne connaîtrons pas la teneur et dont on a envie de croire qu'il dénonce l'horreur, et qui pourtant a elle aussi profité des déportés, en l’occurrence ses anciens patrons. C’est tout. Pas d'autre lueur d'espoir.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;"><img id="media-6476433" title="" src="http://www.inthemoodforcinema.com/media/00/01/4159484120.jpg" alt="cinéma, critique, film, La zone d'intérêt de Jonathan Glazer, La zone d'intérêt, Jonathan Glazer, The zone of interest, critique de la zone d'intérêt de Jonathan Glazer, Festival de Cannes 2023, Grand Prix Festival de Cannes 2023, Sandra Hüller, Festival du Cinéma Américain de Deauville 2023, Dinard Festival du Film Britannique 2023" /></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;">En 2015, avec <em>Le Fils de Saul</em>, László Nemes nous immergeait dans le quotidien d'un membre des Sonderkommandos, en octobre 1944, à Auschwitz-Birkenau. Saul Ausländer est alors membre de ce groupe de prisonniers juifs isolé du reste du camp et forcé d’assister les nazis dans leur plan d’extermination. Il travaille dans l’un des crématoriums où il est chargé de « rassurer » les Juifs qui seront exterminés et qui ignorent ce qui les attend, puis de nettoyer… quand il découvre le cadavre d’un garçon en lequel il croit ou veut croire reconnaître son fils. Tandis que le Sonderkommando prépare une révolte (la seule qu’ait connue Auschwitz), il décide de tenter l’impossible : offrir une véritable sépulture à l’enfant afin qu’on ne lui vole pas sa mort comme on lui a volé sa vie, dernier rempart contre la barbarie. La profondeur de champ, infime, renforce cette impression d’absence de lumière, d’espoir, d’horizon, nous enferme dans le cadre avec Saul, prisonnier de l’horreur absolue dont on a voulu annihiler l’humanité mais qui en retrouve la lueur par cet acte de bravoure à la fois vain et nécessaire, son seul moyen de résister. Que d’intelligence dans cette utilisation du son, de la mise en scène étouffante, du hors champ, du flou pour suggérer l’horreur ineffable, ce qui nous la fait d’ailleurs appréhender avec plus de force encore que si elle était montrée. László Nemes s’est beaucoup inspiré de <em>Voix sous la cendre,</em> un livre de témoignages écrit par les Sonderkommandos eux-mêmes.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;"><img id="media-6476434" title="" src="http://www.inthemoodforcinema.com/media/01/01/291662621.jpg" alt="cinéma, critique, film, La zone d'intérêt de Jonathan Glazer, La zone d'intérêt, Jonathan Glazer, The zone of interest, critique de la zone d'intérêt de Jonathan Glazer, Festival de Cannes 2023, Grand Prix Festival de Cannes 2023, Sandra Hüller, Festival du Cinéma Américain de Deauville 2023, Dinard Festival du Film Britannique 2023" /></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;">Avec le plus controversé <em>La vie est belle,</em> Benigni a lui opté pour le conte philosophique, la fable pour démontrer toute la tragique et monstrueuse absurdité à travers les yeux de l’enfance, de l’innocence, ceux de Giosué. Benigni ne cède pour autant à aucune facilité, son scénario et ses dialogues sont ciselés pour que chaque scène « comique » soit le masque et le révélateur de la tragédie qui se « joue ». Bien entendu, Benigni ne rit pas, et à aucun moment, de la Shoah mais utilise le rire, la seule arme qui lui reste, pour relater l’incroyable et terrible réalité et rendre l’inacceptable acceptable aux yeux de son enfant. Benigni cite ainsi Primo Levi dans <em>Si c’est un homme</em> qui décrit l’appel du matin dans le camp. « Tous les détenus sont nus, immobiles, et Levi regarde autour de lui en se disant : “Et si ce n’était qu’une blague, tout ça ne peut pas être vrai…” C’est la question que se sont posés tous les survivants : comment cela a-t-il pu arriver ? ». Tout cela est tellement inconcevable, irréel, que la seule solution est de recourir à un rire libérateur qui en souligne le ridicule. Le seul moyen de rester fidèle à la réalité, de toute façon intraduisible dans toute son indicible horreur, était donc, pour Benigni, de la styliser et non de recourir au réalisme. Quand il rentre au baraquement, épuisé, après une journée de travail, il dit à Giosué que c’était « à mourir de rire ». Giosué répète les horreurs qu’il entend à son père comme « ils vont faire de nous des boutons et du savon », des horreurs que seul un enfant pourrait croire mais qui ne peuvent que rendre un adulte incrédule devant tant d’imagination dans la barbarie (« Boutons, savons : tu gobes n’importe quoi ») et n’y trouver pour seule explication que la folie (« Ils sont fous »). Benigni recourt à plusieurs reprises intelligemment à l’ellipse comme lors du dénouement avec ce tir de mitraillette hors champ, brusque, violent, où la mort terrible d’un homme se résume à une besogne effectuée à la va-vite. Les paroles suivantes le « C’était vrai alors » lorsque Giosué voit apparaître le char résonne alors comme une ironie tragique. Et saisissante.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;"><img id="media-6476435" title="" src="http://www.inthemoodforcinema.com/media/01/02/668036929.jpg" alt="cinéma, critique, film, La zone d'intérêt de Jonathan Glazer, La zone d'intérêt, Jonathan Glazer, The zone of interest, critique de la zone d'intérêt de Jonathan Glazer, Festival de Cannes 2023, Grand Prix Festival de Cannes 2023, Sandra Hüller, Festival du Cinéma Américain de Deauville 2023, Dinard Festival du Film Britannique 2023" /></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;">Autre approche encore que celle de <a href="http://www.inthemoodforcinema.com/archive/2022/12/02/critique-la-liste-de-schindler-de-steven-spielberg-6415056.html"><em>La Liste de Schindler</em> de Spielberg</a> dont le scénario sans concessions au pathos de Steven Zaillian, la photographie entre expressionnisme et néoréalisme de Janusz Kaminski (splendides plans de Schindler partiellement dans la pénombre qui reflètent les paradoxes du personnage), l’interprétation de Liam Neeson, passionnant personnage, paradoxal, ambigu et humain à souhait, et face à lui, la folie de celui de Ralph Fiennes, la virtuosité et la précision de la mise en scène (qui ne cherche néanmoins jamais à éblouir mais dont la sobriété et la simplicité suffisent à retranscrire l’horrible réalité), la musique poignante de John Williams par laquelle il est absolument impossible de ne pas être ravagé d'émotions à chaque écoute (musique solennelle et austère qui sied au sujet -les 18 premières minutes sont d’ailleurs dénuées de musique- avec ce violon qui larmoie, voix de ceux à qui on l’a ôtée, par le talent du violoniste israélien Itzhak Perlman, qui devient alors, aussi, le messager de l’espoir), et le message d’espérance malgré toute l’horreur en font un film bouleversant et magistral. Et cette petite fille en rouge que nous n'oublierons jamais, perdue, tentant d’échapper au massacre (vainement) et qui fait prendre conscience à Schindler de l’individualité de ces juifs qui n’étaient alors pour lui qu’une main d’œuvre bon marché. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;">Avec <em>The Zone of Interest</em>, Jonathan Glazer prouve d’une nouvelle manière, singulière, puissante, audacieuse et digne, qu’il est possible d’évoquer l’horreur sans la représenter frontalement, par des plans fixes, en nous en montrant le contrechamp, reflet terrifiant de la banalité du mal, non moins insoutenable, dont il signe une démonstration implacable. Cette image qui réunit dans chaque plan deux mondes qui coexistent et dont l’un est une insulte permanente à l’autre est absolument effroyable. Si cette famille nous est montrée dans sa quotidienneté, c’est avant tout pour nous rappeler que la monstruosité peut porter le masque de la normalité. L’intelligence réside aussi dans la fin, qui avilit le monstre et le fait tomber dans un néant insondable tandis que nous restent les images de ce musée d’Auschwitz dans lequel s’affairent des femmes de ménage, au milieu des amas des valises, de chaussures et de vêtements, et des portraits des victimes. C’est d’eux dont il convient de se souvenir. De ces plus de cinq millions de morts tués, gazés, exterminés, parfois par des journées cyniquement ensoleillées. Un passé si récent comme nous le rappellent ces plans de la maison des Höss aujourd’hui transformée en mémorial. Une barbarie passée contre la résurgence de laquelle nous avons encore trop peu de remparts. Le film s’achève par un écran noir accompagné d’une musique lugubre, là pour nous laisser le temps d’y songer, de nous souvenir, de respirer après cette plongée suffocante, et de reprendre nos esprits et notre souffle face à l’émotion qui nous submerge. Un choc cinématographique. Un choc nécessaire. Pour rester en alerte. Pour ne pas oublier les victimes de l’horreur absolue mais aussi que le mal peut prendre le visage de la banalité. Un film brillant, glaçant, marquant, incontournable. Avec ce quatrième long-métrage (après <em>Sexy Beast, Birth, Under the skin</em>) Jonathan Glazer a apporté sa pierre à l'édifice mémoriel. De ce film, vous ne ressortirez pas indemnes. Vous ne pourrez pas (l') oublier. Voyez-le, impérativement.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;"><em>La Zone d'intérêt</em> de Jonathan Glazer sortira sur les écrans français le 31 janvier 2024.</span></p>
Sandra Mézièrehttp://www.inthemoodfordeauville.com/about.htmlPremière - Critique LE RÈGNE ANIMAL de Thomas Cailleytag:www.inthemoodfordeauville.com,2024-03-08:64886602024-03-08T13:27:07+01:002023-09-06T13:17:00+02:00 Hier soir, au CID était projeté un film singulier, puissant et...
<p style="text-align: center;"><img id="media-6517210" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://www.inthemoodfordeauville.com/media/02/01/927569113.png" alt="cailley.png" /></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;">Hier soir, au CID était projeté un film singulier, puissant et saisissant dont vous entendrez forcément beaucoup parler dans les mois à venir, le deuxième film de Thomas Cailley après <em>Les Combattants</em> (César 2015 du meilleur premier film).</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;">Dans un monde en proie à une vague de mutations qui transforment peu à peu certains humains en animaux, François (Romain Duris) fait tout pour sauver sa femme, touchée par ce phénomène mystérieux. Alors que la région se peuple de créatures d'un nouveau genre, il embarque Émile (Paul Kircher), leur fils de 16 ans, dans une quête qui bouleversera à jamais leur existence.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;">D’apparence tout d’abord réaliste, le glissement se fait progressif vers le fantastique avec un parallèle évident avec une période récente : celle d’une réalité qui peu à peu s’est transformée en une situation inédite, angoissante et ubuesque qui a arrêté toute la planète. Ce film possède tant de ramifications qu’il faudrait en parler des heures. J’y reviendrai plus longuement. Il est notamment passionnant en ce qu’il questionne cette frontière entre l’Humanité et la Nature. Une manière particulièrement originale d’aborder les mutations du vivant (et donc écologiques) et les risques qui menacent la planète. L’immersion du fantastique dans la vie « réelle » rend le récit d’autant plus universel, en mêlant aussi astucieusement le spectaculaire et l’intime.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;">Les Landes de Gascogne forment un décor idéal, presque fabuleux, magique, là aussi intemporel, d’une grande richesse et diversité. La forêt devient alors un personnage à part entière, mise en lumière par la magnifique photographie de David Cailley. Ces décors réels dans lesquels a été tournée la totalité du film rendent l’impensable d’autant plus crédible.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;"> Après <em>le Lycéen</em>, Paul Kircher confirme que le cinéma français devra compter sur lui. Son jeu exhale une sincérité et une force rares, sauvages, intense, et la relation complexe avec son père accroissent l’intérêt du film. Et je vous mets au défi de ne pas être bouleversés quand de la voiture, toutes fenêtres ouvertes, s’échappe la musique de Pierre Bachelet tandis que Paul Kircher hurle "maman !". Soulignons aussi le rôle de Fix interprété par Tom Mercier, dans un rôle d’homme-oiseau, de « tout son être, tout son corps. »</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;">Un film atypique, hybride, ambitieux, audacieux intelligemment métaphorique et teinté d’humour. Un récit initiatique et une fable cauchemardesque d’une force rare qui résonne intelligemment avec l’actualité récente mais aussi un fim tendre sur la relation entre un père et son fils. Une auscultation de l’animalité et des mutations de l’homme mais aussi une ode à la différence. Ajoutez à cela une bo absolument magnifique de De Andréa Laszlo De Simone et vous obtiendrez un film d’une grande profondeur derrière un captivant divertissement.</span></p>
Sandra Mézièrehttp://www.inthemoodfordeauville.com/about.htmlCRITIQUE de PAST LIVES – NOS VIES D’AVANT de CELINE SONG (compétition officielle)tag:www.inthemoodfordeauville.com,2024-02-19:64859412024-02-19T13:03:05+01:002023-09-02T23:57:00+02:00 Selon Baudelaire, « La mélancolie est l’illustre...
<p style="text-align: center;"><img id="media-6512916" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://www.inthemoodfordeauville.com/media/01/01/1602718669.jpg" alt="past lives.jpg" /></p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;">Selon Baudelaire, « La mélancolie est l’illustre compagnon de la beauté. Elle l’est si bien que je ne peux concevoir aucune beauté qui ne porte en elle sa tristesse. » Une citation qu’illustre parfaitement ce film d’une mélancolie subrepticement envoûtante.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;">Cela commence dans un bar à New York. Quelqu’un observe un trio (une femme et deux hommes) de l’autre côté du comptoir, interpellé par son étrangeté, s’interrogeant sur le lien qui peut bien les unir. La femme et un des deux hommes semblent en effet particulièrement complices. La première tourne le dos au deuxième homme, comme s’il n’existait pas. Qu’est-ce qui réunit ces trois-là ? Quelles peuvent être les relations entre eux ? Pourquoi la femme a soudain cette expression sur son visage, entre joie et nostalgie (entre « joie » et « souffrance » dirait Truffaut) ? Le flashback va répondre à cette question…</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;">Nous retrouvons Nayoung (Moon Seung-ah) et Hae Sung (Seung Min Yim) à l’âge de douze ans. Ils sont amis d’enfance, inséparables, complices. Ils vont à la même école à Séoul et se chamaillent tendrement quand il s’agit d’avoir la première place à l’école. Jusqu’au jour où les parents de Nora, artistes, décident d’émigrer pour le Canada. Douze ans plus tard, Nayoung devenue Nora (Greta Lee), habite seule à New York. Hae Sung (Teo Yoo), lui, est resté à Séoul où il vit encore chez ses parents pour suivre des études d’ingénieur. Par hasard, en tapant son nom sur internet, Nora découvre que Hae Sung a essayé de la retrouver. Elle lui répond. Ils retrouvent leur complicité d’avant. Au bout de plusieurs mois, Nora décide de suspendre ces échanges, face à l’impossibilité de se retrouver, et devant l’importance que prennent ces conversations et les sentiments qui les unissent. Mais douze ans plus tard, alors que Nora est désormais mariée à un Américain, Arthur (John Magaro), Hae Sung décide de venir passer quelques jours à New York.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;">Celine Song s’est inspirée de sa propre histoire. Elle a ainsi quitté la Corée à l’âge de 12 ans pour Toronto, avant de s’installer à New York à vingt ans.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;"><em>Inyeon.</em> Cela signifie providence ou destin en coréen. Si deux étrangers se croisent dans la rue et que leurs vêtements se frôlent cela signifie qu’il y a eu 8000 couches de inyeon entre eux. La réalisatrice explique ainsi ce en quoi consiste ce fil du destin : « Dans les cultures occidentales, le destin est une chose que l’on doit impérativement réaliser. Mais dans les cultures orientales, lorsqu’on parle d’"inyeon", il ne s’agit pas forcément d’un élément sur lequel on peut agir. Je sais que le "inyeon" est une notion romantique, mais en fin de compte, il s’agit simplement du sentiment d’être connecté et d’apprécier les personnes qui entrent dans votre vie, que ce soit aujourd’hui, hier ou demain ». « Il n’y a pas de hasard. Il n’y a que des rendez-vous » écrirait Éluard…</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;">Quand Nora a changé de pays, elle a laissé derrière elle : son prénom asiatique, son amour d’enfance, la Corée. <em>Past lives - nos vies d'avant</em> est d’abord le récit d’un déracinement. Quand nous la retrouvons à New York, nous ne voyons jamais sa famille, comme si elle avait été amputée d’une part d’elle-même. C’est l’histoire d’un adieu. De l’acceptation de cet adieu, de ce qu’implique le Inyeon, d’une porte sur le passé et l’enfance qu’il faut apprendre à fermer. Rien n'est asséné, surligné. Tout est (non) dit en délicatesse, en silences, en mains qui pourraient se frôler, en regards intenses, en onomatopées qui en disent plus que de longs discours. Pas seulement pour ce qui concerne les liens entre Nora et Hae-Sung mais aussi les ambitions littéraires de la première dont des indices fugaces nous laissent deviner qu'ils ne sont peut-être pas à la hauteur de ses rêves. Comme si, cela aussi appartenait à une vie passée...</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;">Dans cette époque de fureur, de course effrénée et insatiable au résultat et à l’immédiateté, y compris dans les sentiments, ce refus du mélodrame, de l’explicite et de l’excès, n’est pas du vide, mais au contraire un plein de sensations et troubles contenus qui nous enveloppent, nous prennent doucement par la main, jusqu’à la fin, le moment où surgit enfin l’émotion, belle et ravageuse.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;">Celine Song a ainsi déclaré : « Je voulais mettre en scène des relations qui ne soient pas définissables. Ce qui unit mes trois personnages ne se résume pas en un mot ou une expression. Leur relation est un mystère, et le film est la réponse à ce mystère. <em>Past Lives - Nos vies d'avant</em> n’est pas un film sur les liaisons amoureuses. C’est un film sur l’amour. »</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;">Et c’est aussi là que réside la beauté de ce film. Il n’y a pas de disputes, d’adultère, de fuite. Mais une confrontation à soi-même, à son être profond, comme un miroir tendu à Nora la confrontant à son passé et son devenir. Aucun des trois personnages n’est ridiculisé ou caricatural. Ils agissent avec maturité, empathie, compréhension. Ce que le film perd peut-être (judicieusement) en conflits, il le gagne en singularité et profondeur. Il sublime l'implicite, aussi, comme l'ont fait, sublimement, Wong Kar Wai ou Sofia Coppola (dans <em>Lost in translation</em>) avant Celine Song.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;">Christopher Bear et Daniel Rossen ont signé la musique aux notes cristallines, là aussi jamais redondantes ou insistantes, accompagnant le mystère qui lie les personnages, et magnifiant leurs silences. Se joignent à ces musiques celles de Leonard Cohen, John Lee Hooker, John Cale ou encore du Coréen Kim Kwang Seok,. La réalisation privilégie l’intime, sans négliger les décors, Céline Song filme ainsi New York nimbée de lueurs romantiques, quand Hae Sung et Nora la (re)découvrent ensemble.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;">Ce film tout en retenue, ensorcelante, est un joyau de pudeur, de subtilité, d’émotions profondes que l’on emporte avec soi une fois la porte de Nora refermée, et celle de son cœur avec, une fois celui-ci s'étant laissé brusquement envahir et submerger. Et le nôtre avec. LE film à voir absolument en cette fin d'année et en cette période d'actualités tragiquement indicibles : une bulle de douceur réconfortante, comme un conte (lucide et mélancolique) de Noël, murmuré.</span></p>
Sandra Mézièrehttp://www.inthemoodfordeauville.com/about.htmlProgramme complet du 49ème Festival du Cinéma Américain de Deauvilletag:www.inthemoodfordeauville.com,2023-08-28:64584842023-08-28T10:47:09+02:002023-08-28T10:46:00+02:00 Rendez-vous sur Inthemoodforcinema.com en cliquant ici pour lire mon...
<p style="text-align: center;"><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 14pt;"><a href="http://www.inthemoodforcinema.com/archive/2023/07/08/programme-du-49eme-festival-du-cinema-americain-de-deauville-6451325.html"><strong>Rendez-vous sur Inthemoodforcinema.com en cliquant ici pour lire mon article détaillant le programme de ce Festival du Cinéma Américain de Deauville 2023 en direct duquel je vous donne rendez-vous dès l'ouverture ce 1er septembre.</strong></a></span></p><p style="text-align: center;"><img id="media-6470952" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://www.inthemoodfordeauville.com/media/02/00/1873008962.jpg" alt="Deauville programme 2023.jpg" /></p>
Sandra Mézièrehttp://www.inthemoodfordeauville.com/about.htmlFestival du Cinéma Américain de Deauville 2023 : fenêtre sur le cinéma français (programme)tag:www.inthemoodfordeauville.com,2023-08-04:64553262023-08-04T10:39:23+02:002023-08-04T10:39:23+02:00 Depuis 3 ans, le Festival du Cinéma Américain de Deauville a la bonne idée...
<p style="text-align: center;"><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;">Depuis 3 ans, le Festival du Cinéma Américain de Deauville a la bonne idée d'accueillir une sélection de films français, cette année une sélection exclusive de trois films en première mondiale, dont une série, pour une fenêtre française, en présence de leurs équipes.</span></p><table border="0" width="100%" cellspacing="0" cellpadding="0"><tbody><tr><td valign="top"><table class="m_1477643688061354190mcnTextContentContainer" border="0" width="100%" cellspacing="0" cellpadding="0" align="left"><tbody><tr><td class="m_1477643688061354190mcnTextContent" valign="top"><div><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;"><strong>CAPTIVES<br />d'Arnaud des Pallières</strong></span></div></td></tr></tbody></table></td></tr></tbody></table><table border="0" width="100%" cellspacing="0" cellpadding="0"><tbody><tr><td valign="top"><table border="0" width="100%" cellspacing="0" cellpadding="0" align="left"><tbody><tr><td valign="top"><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;"><img class="m_1477643688061354190mcnImage CToWUd a6T" tabindex="0" src="https://ci6.googleusercontent.com/proxy/ymcpN_Ag9NRiAGI6hXcC2Abwq3O-faZf7-0TaPnwuSzIIOVTswdI3CL2LEyj3OI0Onf1rsNz6K5wdX04Q6jFzqHNT3y4380qq1hACMrx8UfG3zsmczh1ReBuZE1q1ttjUzPdZirjhkvnFPj9yHgf0tDrrRk_OQ=s0-d-e1-ft#https://mcusercontent.com/9a2a9dd8b7c08cd03f6d483ca/images/0551f953-6288-055f-a119-86eb902c139c.jpg" alt="" width="563.9884643554688" align="center" data-bit="iit" /></span></td></tr></tbody></table></td></tr></tbody></table><table border="0" width="100%" cellspacing="0" cellpadding="0"><tbody><tr><td valign="top"><table class="m_1477643688061354190mcnTextContentContainer" border="0" width="100%" cellspacing="0" cellpadding="0" align="left"><tbody><tr><td class="m_1477643688061354190mcnTextContent" valign="top"><div><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;">Avec Mélanie Thierry, Josiane Balasko, Carole Bouquet, Marina Foïs, Yolande Moreau</span><br /><br /><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;">Paris, 1894. Qui est Fanni qui prétend s’être laissée enfermer volontairement à l’Hôpital de la Salpêtrière ? Cherchant sa mère parmi la multitude de femmes convaincues de « folie », Fanni découvre une réalité de l’asile toute autre que ce qu’elle imaginait, ainsi que l’amitié inattendue de compagnes d’infortune. Le dernier grand bal de la Salpêtrière se prépare. Politiques, artistes, mondains s’y presseront. Dernier espoir d’échapper au piège qui se referme…</span><br /><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;"> </span></div></td></tr></tbody></table></td></tr></tbody></table><table class="m_1477643688061354190mcnDividerBlock" border="0" width="100%" cellspacing="0" cellpadding="0"><tbody><tr><td><table border="0" width="100%" cellspacing="0" cellpadding="0"><tbody><tr><td> </td></tr></tbody></table></td></tr></tbody></table><table border="0" width="100%" cellspacing="0" cellpadding="0"><tbody><tr><td valign="top"><table class="m_1477643688061354190mcnTextContentContainer" border="0" width="100%" cellspacing="0" cellpadding="0" align="left"><tbody><tr><td class="m_1477643688061354190mcnTextContent" valign="top"><div><div><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;"><strong>ICON OF FRENCH CINEMA<br />de Judith Godrèche</strong></span><br /><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;"><em><strong>série</strong></em></span></div></div></td></tr></tbody></table></td></tr></tbody></table><table border="0" width="100%" cellspacing="0" cellpadding="0"><tbody><tr><td valign="top"><table border="0" width="100%" cellspacing="0" cellpadding="0" align="left"><tbody><tr><td valign="top"><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;"><img class="m_1477643688061354190mcnImage CToWUd a6T" tabindex="0" src="https://ci5.googleusercontent.com/proxy/q5AfhQNQEg8_ellafLygR6FUsAHOu36R7Nokv_EDou5_F9rXKjJ0zMwxneaAM8C7q39m0TXvB0xIWY9gw6vP6O1bQeP9oUH5vsoT5edfIOBaFa6EP7YlG6OBgYbPFad1ffXHIvDVQsM53sEsMdch6q39Y5bHqpI=s0-d-e1-ft#https://mcusercontent.com/9a2a9dd8b7c08cd03f6d483ca/images/7ae92475-ccf3-a5f6-95a4-c152cbbd829f.jpeg" alt="" width="530.1491564941406" align="center" data-bit="iit" /></span></td></tr></tbody></table></td></tr></tbody></table><table border="0" width="100%" cellspacing="0" cellpadding="0"><tbody><tr><td valign="top"><table class="m_1477643688061354190mcnTextContentContainer" border="0" width="100%" cellspacing="0" cellpadding="0" align="left"><tbody><tr><td class="m_1477643688061354190mcnTextContent" valign="top"><div><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;">Avec Judith Godrèche, Tess Barthélémy, Liz Kingsman, Gina Cailin, Alma Struve, Carole Bouquet</span><br /><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;"> </span></div><div><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;">Judith Godrèche, qui joue son alter ego fictif, rentre à Paris après dix années d’exil à Hollywood dans l'intention de faire son grand retour. Hantée par son passé, Judith doit affronter les réalités de son ambition personnelle et de son angoisse maternelle avec humour et désillusion.</span><br /><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;"> </span></div></td></tr></tbody></table></td></tr></tbody></table><table class="m_1477643688061354190mcnDividerBlock" border="0" width="100%" cellspacing="0" cellpadding="0"><tbody><tr><td><table border="0" width="100%" cellspacing="0" cellpadding="0"><tbody><tr><td> </td></tr></tbody></table></td></tr></tbody></table><table border="0" width="100%" cellspacing="0" cellpadding="0"><tbody><tr><td valign="top"><table class="m_1477643688061354190mcnTextContentContainer" border="0" width="100%" cellspacing="0" cellpadding="0" align="left"><tbody><tr><td class="m_1477643688061354190mcnTextContent" valign="top"><div><div><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;"><strong>LES DERNIERS HOMMES<br />de David Oelhoffen</strong></span></div></div></td></tr></tbody></table></td></tr></tbody></table><table border="0" width="100%" cellspacing="0" cellpadding="0"><tbody><tr><td valign="top"><table border="0" width="100%" cellspacing="0" cellpadding="0" align="left"><tbody><tr><td valign="top"><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;"><img class="m_1477643688061354190mcnImage CToWUd a6T" tabindex="0" src="https://ci4.googleusercontent.com/proxy/6M4hUIIQ-CVKdA_xHUs7SG7FhoZ_nycvZMenFBxpYsv72nh0K1-wC3m0s10Rxep3PlfK5O4ic_4fwmXc0oic3rj_XKDyKjXd5azzk4LG3tCMSIiYy1gjUu3DxKtMDfDgLI5daGBKp6YMVG67b-dBeutptc1jhQ=s0-d-e1-ft#https://mcusercontent.com/9a2a9dd8b7c08cd03f6d483ca/images/091c4cb0-feee-ee40-13c8-bbf20787ad61.jpg" alt="" width="563.9884643554688" align="center" data-bit="iit" /></span></td></tr></tbody></table></td></tr></tbody></table><table border="0" width="100%" cellspacing="0" cellpadding="0"><tbody><tr><td valign="top"><table class="m_1477643688061354190mcnTextContentContainer" border="0" width="100%" cellspacing="0" cellpadding="0" align="left"><tbody><tr><td class="m_1477643688061354190mcnTextContent" valign="top"><div><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;">Avec Andrzej Chyra, Guido Caprino, Nuno Lopes, Arnaud Churin, Teng Va, Axel Granberger, Yann Goven, Felix Meyer, Antonio Lopez, Wim Willaert, Francesco Casisa, Aurélien Caeyman, Maxence Perrin, Guillame Verdier</span><br /><br /><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;">9 mars 1945. L’armée japonaise lance un assaut foudroyant contre les garnisons françaises en Indochine. Traquée par l’ennemi nippon, une colonne de légionnaires, déjà affaiblis par l’alcool et les maladies tropicales, s’élance au cœur de la jungle pour rallier les bases alliées à plus de 300 km…</span></div></td></tr></tbody></table></td></tr></tbody></table>
Sandra Mézièrehttp://www.inthemoodfordeauville.com/about.html49ème Festival du Cinéma Américain de Deauville - Membres des deux jurys et films en compétitiontag:www.inthemoodfordeauville.com,2023-07-27:64542602023-07-27T15:39:20+02:002023-07-27T15:39:20+02:00 Les membres du jury Guillaume Canet sera entouré de :...
<p style="text-align: center;"><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;"><strong>Les membres du jury</strong></span></p><p style="text-align: center;"><img id="media-6464849" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://www.inthemoodfordeauville.com/media/00/01/1145416955.jpg" alt="jury festival du cinéma américain de deauville 2023.jpg" /></p><p style="text-align: center;"><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;">Guillaume Canet sera entouré de :</span></p><p style="text-align: center;"><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;"><strong>Anne Berest</strong> (romancière, scénariste & comédienne)</span><br /><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;"><strong>Stéphane Bak</strong> (comédien)</span><br /><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;"><strong>Laure de Clermont-Tonnerre </strong>(réalisatrice & scénariste)</span><br /><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;"><strong>Alexandre Aja</strong> (réalisateur, scénariste & producteur)</span><br /><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;"><strong>Marina Hands</strong> de la Comédie-Française (comédienne)</span><br /><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;"><strong>Rebecca Marder</strong> (comédienne)</span><br /><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;"><strong>Yodelice</strong> (auteur-compositeur-<wbr />interprète, musicien, producteur & comédien)</span><br /><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;"> <strong>Léa Mysius</strong> (réalisatrice & scénariste)</span></p><p style="text-align: center;"><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;"><strong>Les membres du jury révélation</strong></span></p><p style="text-align: center;"><img id="media-6464850" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://www.inthemoodfordeauville.com/media/00/01/3499594725.jpg" alt="jury révélation Festival du Cinéma Américain de Deauville 2023.jpg" /></p><p style="text-align: center;"><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;">Mélanie Thierry sera entouré : </span></p><p style="text-align: center;"><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;"><strong>Félix Lefebvre</strong> (comédien)</span><br /><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;"><strong>Pablo Pauly</strong> (comédien)</span><br /><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;"><strong>Julia Faure</strong> (comédienne)</span><br /><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;"><strong>Ramata-Toulaye Sy</strong> (réalisatrice & scénariste)</span></p><p style="text-align: center;"><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;"><strong>Les films en compétition</strong></span></p><p style="text-align: center;"><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;"><strong>ARISTOTE ET DANTE DÉCOUVRENT LES SECRETS DE L'UNIVERS</strong> d’Aitch Alberto </span><br /><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;"><strong>BLOOD FOR DUST</strong> de Rod Blackhurst </span><br /><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;"><strong>COLD COPY</strong> de Roxine Helberg </span><br /><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;"><strong>FREMONT</strong> de Babak Jalali </span><br /><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;"><strong>I.S.S.</strong> de Gabriela Cowperthwaite </span><br /><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;"><strong>LA VIE SELON ANN</strong> de Joanna Arnow </span><br /><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;"><strong>LAROY</strong> de Shane Atkinson </span><br /><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;"><strong>MANODROME</strong> de John Trengove </span><br /><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;"><strong>PAST LIVES, NOS VIES D‘AVANT</strong> de Celine Song</span><br /><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;"><strong>RUNNER </strong>de Marian Mathias </span><br /><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;"><strong>SUMMER SOLSTICE</strong> de Noah Schamus </span><br /><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;"><strong>THE GRADUATES </strong>de Hannah Peterson </span><br /><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;"><strong>THE SWEET EAST</strong> de Sean Price Williams </span><br /><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;"><strong>WAYWARD</strong> de Jacquelyn Frohlich</span></p><p style="text-align: center;"> </p>
Sandra Mézièrehttp://www.inthemoodfordeauville.com/about.htmlL'hommage du 49ème Festival du Cinéma Américain de Deauville à Jerry Schatzberg : projection du documentaire de Pierre Filmontag:www.inthemoodfordeauville.com,2023-07-20:64531242023-07-20T11:12:26+02:002023-07-20T11:12:26+02:00 L'annonce de cet hommage est une excellente nouvelle, d'une part parce...
<p style="text-align: center;"><img id="media-6463277" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://www.inthemoodfordeauville.com/media/01/01/4089523836.jpg" alt="2018344494 (1).jpg" /></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;">L'annonce de cet hommage est une excellente nouvelle, d'une part parce que cela signifie que le Festival du Cinéma Américain de Deauville renoue avec ce qui a constitué son essence, d'autre part parce que cela permettra aux festivaliers de découvrir le formidable documentaire de Pierre Filmon consacré à Jerry Schatzberg projeté à l'occasion de l'hommage à ce dernier, en sa présence.</span></p><p style="text-align: center;"><img id="media-6463278" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://www.inthemoodfordeauville.com/media/00/01/3854590711.jpg" alt="1154421925.jpg" /></p><p style="text-align: center;"><img id="media-6463279" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://www.inthemoodfordeauville.com/media/01/01/803039356.jpg" alt="3646645289.jpg" /></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;">Pour ses dix ans, le cinéma Le Silencio des Prés (22 rue Guillaume Apollinaire, 75006, Paris), sous la houlette de Sam Bobino (notamment cofondateur du <a href="http://www.inthemoodforcinema.com/archive/2022/07/07/compte-rendu-et-palmares-du-festival-du-cinema-et-musique-de-6390812.html">Festival du Cinéma et Musique de Film de La Baule</a>, et fondateur des<a href="http://www.inthemoodforcinema.com/paris-film-critics-awards/"> Paris Film Critics Awards</a>) et de Geoffrey Gervais, propose une programmation exceptionnelle d’avant-premières (le plus souvent accompagnées de débats des protagonistes) parmi lesquelles, en novembre dernier, celle du documentaire de Pierre Filmon : <em>Jerry Schatzberg, portrait paysage</em>, suivie d’une passionnante rencontre entre Pierre Filmon et Michel Ciment. C'est à cette occasion que j'avais découvert ce film dont je vous parle à nouveau aujourd'hui et que vous pourrez découvrir dans le cadre du prochain Festival du Cinéma Américain de Deauville.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;">Je vous avais déjà parlé de Pierre Filmon, l’an passé, à l’occasion de la sortie de <em>Entre deux trains</em> (<em>Long Time No See</em>), son deuxième long-métrage et son premier long-métrage de fiction pour lequel j’avais eu un énorme coup de cœur. Je vous le recommande à nouveau vivement. Il est désormais disponible en DVD chez Tamasa éditions. Il a d’ailleurs reçu de nombreux prix dans le monde. Il a ainsi parcouru 35 festivals internationaux et 17 pays. Pierre Rochefort a obtenu le prix du meilleur acteur en Espagne. Au Chili, le film a obtenu le prix du Best fiction film. En Inde, au Rajasthan IFF, Pierre Filmon a obtenu deux prix : honorary Award et best directeur. Au Kosovo, le film a obtenu le prix du meilleur film… Et si cela ne suffisait pas pour vous convaincre de le découvrir, vous trouverez ma critique ci-dessous.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;">Pierre Filmon a réalisé plusieurs courts-métrages et son premier long-métrage, <em>Close encounters with Vilmos Zsigmond</em>, était en Sélection officielle au Festival de Cannes 2016 dans le cadre de Cannes Classics. Ce documentaire est consacré à Vilmos Zsigmond, formidable directeur de la photographie qui a travaillé avec les plus grands réalisateurs : Robert Altman, John Boorman, Steven Spielberg, Brian de Palma, Peter Fonda et… Jerry Schatzberg.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;">C’est justement à ce dernier que Pierre Filmon a donc consacré ce dernier documentaire : <em>Jerry Schatzberg, portrait paysage</em>, qui se focalise sur « l’univers photographique de Jerry Schatzberg, jeune homme de 95 ans, le dernier des Mohicans du Nouvel Hollywood, photographe et cinéaste qui a réalisé des films avec Al Pacino, Gene Hackman, Meryl Streep, Faye Dunaway et Morgan Freeman et a obtenu une Palme d’Or en 1973 pour <em>L’épouvantail</em>». Le film a été présenté en Première Mondiale à la 79ème Mostra, en septembre dernier.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;"><em>Entre deux trains</em> transpirait déjà la passion du cinéma, avec de nombreuses influences, d’Agnès Varda à David Lean. Et c’est cette même passion de l’art du passionné Pierre Filmon que l’on retrouve dans ce documentaire qui s’intéresse au travaille de photographe de Jerry Schatzberg. Même si vous ne connaissiez pas son travail, vous aviez forcément vu une de ses plus célèbres photos, celle, sublimissime, de Faye Dunaway, auréolée de noir, qui avait été mise à l’honneur sur l’affiche du Festival de Cannes 2011, modèle de grâce, d’épure, de sobriété, de sophistication, de mystère, de classe, de glamour, et même pourvue d’une certaine langueur… Cette photo avait été prise par Jerry Schatzberg en 1970.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;">Le documentaire de Pierre Filmon qui est le plus beau des hommages au travail remarquable et fascinant de Jerry Schatzberg est un dialogue de ce dernier avec le critique Michel Ciment au gré d’une exposition lors de laquelle il croise des portraits (dont, d’ailleurs, le sien), l’occasion de revenir sur ces fabuleuses rencontres qui ont donné lieu à ces photos singulières et marquantes. Ce plan-séquence permet de découvrir la richesse, la profondeur, la diversité du travail de l’artiste né dans le Bronx en 1927 (un an avec Kubrick au même endroit !) découvert par Pierre Ricient qui s’est battu pour que son premier film sorte en France. Rien ne prédestinait à la photographie et au cinéma celui qui travailla d’abord comme fourreur, comme son père, (ce qu’il détesta) avant de commencer comme assistant photographe pour le New York Times jusqu’ à devenir ce photographe immensément talentueux qui parvient toujours à capter quelque chose de la vérité des êtres (que ce soit de la toute jeune Catherine Deneuve, Aretha Franklin ou un enfant inconnu ou même des photos de nus) même dans des photos plus sophistiquées.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;">Michel Ciment a rappelé quel découvreur de talents il a aussi été, ayant notamment à son actif les découvertes d’Al Pacino ou Guillaume Canet qu’il avait fait tourner dès 2001 dans <em>The day the ponies come back</em>. « Ce qui le caractérisé, c'est de faire du mouvement, du presque cinéma dans un décor naturel réaliste» a expliqué hier Michel Ciment. Ce fut «le contraire pour Bob Dylan» avec des photos en studio dans lesquelles Schatzberg a « capté sa sensibilité, son intelligence et son charisme » a souligné Michel Ciment. Par ailleurs, pour ce dernier, « pas un seul metteur en scène américain n’a fait à la suite trois films aussi extraordinaires ».</span><br /><br /><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;">Ce travail en petite équipe, 4 personnes avec Olivier Chambon qui avait déjà été le filmeur de la séquence sur Jerry Schatzberg dans le film de Pierre Filmon sur Vilmos Zsigmond, procure tout son caractère intimiste, sincère et naturel à ce documentaire.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;">Michel Ciment a conclu en disant que « le rapport émotionnel avec le sujet est très important » et que Jerry Schatzberg est un « esthète, grand metteur en scène formel mais qui s'intéresse aussi aux émotions, aux rapports humains comme c'est le cas de tous les grands metteurs en scène. Le public vient au cinéma pour ressentir des émotions. C'est ce travail formel qui lui permet d’accéder aux émotions. » C’est sans aucun doute aussi le cas du cinéma de Pierre Filmon qui cherche toujours à saisir l’émotion, par la fiction ou le documentaire.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;">Il se pourrait qu’il y ait une suite. Espérons-le tant ce documentaire nous donne envie d’en savoir plus sur Jerry Schatzberg mais aussi de retrouver le regard aiguisé, passionné et enthousiaste de Pierre Filmon sur celui-ci et sur le cinéma en général.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;"><strong>Critique de ENTRE DEUX TRAINS de Pierre Filmon</strong></span></p><p style="text-align: center;"><img id="media-6463280" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://www.inthemoodfordeauville.com/media/00/01/3586837424.jpg" alt="1426756458.jpg" /></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;">Un mardi soir aux airs de « chanson d'automne » lors duquel pour paraphraser celle de Verlaine, des « sanglots longs des violons blessent mon cœur d’une langueur monotone », direction l'indéfectible abri de la réalité (le mien, en tout cas) : le cinéma ! En l'occurrence, Le Cinéma Le Grand Action. Cela tombe bien : le film que je souhaitais y voir, le premier long métrage de fiction de Pierre Filmon (réalisateur de quatre courts métrages et d’un long métrage documentaire en sélection officielle au 69ème Festival de Cannes Close <em>Encounters with Vilmos Zsigmond</em>), est une douce parenthèse qui nous rappelle justement que le réel aussi peut contenir ses évasions poétiques, une parenthèse ouverte et close par les rails de la voie ferrée qui défilent et nous emmènent avec eux, témoins indiscrets de la rencontre entre Marion (Laëtitia Eïdo) et Grégoire (Pierre Rochefort) qui se croisent par hasard sur le quai de la Gare d'Austerlitz. Entre deux trains… </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;">Neuf ans plus tôt, ils ont vécu une brève histoire d’amour. Il arrive à Paris, de retour d’Orléans où, violoniste, il était en concert. Elle doit en repartir 80 minutes plus tard. Il feint de ne pas la reconnaître ou ne la reconnaît vraiment pas, incrédule face à la matérialisation du rêve (revoir Marion) en réalité. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;">Il y a presque trois films en un. Celui qui se déroule sous nos yeux. Le passé que nous apprenons par bribes par leurs échanges. Et ce que nous devinons de leurs réalité, vérité, avenir : notre propre film.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;">Entièrement filmé en plans séquences en cinq jours, ce film est loin d'être seulement une prouesse technique. C'est une ode aux possibles de l'existence. À la magie de ses hasards. De ces interstices presque irréels volés au prosaïsme du quotidien qui soudain éclairent le présent comme ce rayon de soleil qui balaie et illumine le visage de Marion. Une ode aux rêves (qui ont aidé Grégoire à vivre) et à l'imaginaire (celui du spectateur qui se fait son propre cinéma).</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;">Et puis, un film qui nous dit que « aimer, c'est voir l'enfant en l'autre », qui cite Prévert et <em>Les Enfants du paradis</em> (« Paris est tout petit pour ceux qui s’aiment d’un aussi grand amour »), qui fait notamment résonner Schubert et Beethoven (la musique originale est de David Hadjadj), qui nous rappelle Agnès Varda (<em>Cléo de 5 à 7</em>) et David Lean (<em>Brève rencontre</em>), pour tout cela, déjà, vaut la peine qu'on aille à sa rencontre. De ces films qui, comme ce à quoi aspirait Claude Sautet (oui, je cite encore Claude Sautet…), vous font « aimer la vie », encore plus, vous dire que même des jours monotones peuvent surgir des éclats inattendus de bonheur ou des airs de violon mais qui, ceux-là, ne blessent pas mais au contraire apaisent et entraînent dans un tourbillon de joie. <em>Entre deux trains</em> m’a fait penser à ces films de mon panthéon cinématographique où la rencontre de quelques heures illumine une vie que ce soit à Paris et Casablanca (dans le film éponyme de Michael Curtiz, « nous aurons toujours Paris ») ou Tokyo dans <em>Lost in translation</em> de Sofia Coppola. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;">Le court laps de temps imparti à Marion et Grégoire intensifie les émotions, les exacerbe et sublime. Alors, partez avec Marion et Grégoire pour cette déambulation mélancolique et réjouissante, du Jardin des Plantes (ses squelettes du Muséum d’Histoire naturelle qui nous rappellent qu'il faut déguster chaque seconde et que ce moment qu'ils partagent est de la vie pure et précieuse) au café Maure de la Grande Mosquée de Paris.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;">Laëtitia Eïdo et Pierre Rochefort transmettent au film leur justesse, grâce et élégance intemporelles. Et réciproquement ! La déambulation poétique de ces deux cœurs égarés n’est ainsi jamais cynique, jamais mièvre non plus. Simplement juste. Ronald Guttman interprète avec talent un beau-père imbuvable à souhait dont chaque réplique est savoureusement insupportable. Estéban fait une apparition remarquée. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;">Une variation sur les hasards et coïncidences et les possibles de l’existence, empreinte de la beauté cinglante de la nostalgie. Un petit bijou fragile et délicat, aérien et profond dont vous sortirez avec l’envie de savourer chaque précieuse seconde, et de croire, plus que jamais, comme l’écrivait Victor Hugo qu’« il y a le possible, cette fenêtre du rêve, ouverte sur le réel ».</span></p>
Sandra Mézièrehttp://www.inthemoodfordeauville.com/about.htmlKyle Eastwood au 49ème Festival du Cinéma Américain de Deauvilletag:www.inthemoodfordeauville.com,2023-07-18:64528062023-07-18T11:57:44+02:002023-07-18T11:57:44+02:00 Après avoir été l'invité d'honneur du 9ème Festival du Cinéma et...
<p style="text-align: center;"><img id="media-6462857" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://www.inthemoodfordeauville.com/media/02/00/844156244.jpg" alt="Kyle Eastwood au Festival du Cinéma Américain de Deauville.jpg" /></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;">Après avoir été l'invité d'honneur du <a href="http://www.inthemoodforcinema.com/archive/2023/07/11/compte-rendu-et-palmares-du-9eme-festival-du-cinema-et-musiq-6451775.html">9ème Festival du Cinéma et Musique de Film de La Baule (dont vous pouvez lire mon compte-rendu ici)</a> à l'occasion duquel il a donné un concert, Kyle Eastwood sera donc au 49ème Festival du Cinéma Américain de Deauville. A l'occasion de la sortie le jour même de son nouvel album dédié aux musiques des plus grands films de son père, il sera invité à participer à la cérémonie d'ouverture du festival le 1er septembre. </span><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;">Dans le cadre de ce Festival, et en association avec ARTE et la Ville de Deauville, une projection en avant première du documentaire </span><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;"><em>Eastwood Symphonic : une affaire de famille</em> est organisée le 5 septembre. </span><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;">Elle aura lieu en présence de l'artiste et dans le cadre sublime du lieu culturel Les Franciscaines. </span><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;">Ce documentaire s'articule autour d'une captation live à l'auditorium de Lyon, dont chaque titre est entrecoupé d'extraits d'une interview exclusive de Kyle & Clint Eastwood. Tournée en septembre dernier, cette interview inédite nous invite à découvrir le lien musical extraordinaire qui unit cette famille de légende. </span><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;">Ce documentaire, produit par Séquence, [PIAS] France et V.O. Music, sera diffusé sur ARTE le 22 septembre 2023.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;">Le projet <em>Eastwood Symphonic</em> est avant tout le témoin d’une transmission entre un fils, Kyle Eastwood, et son père, Clint Eastwood. Si Kyle a joué, jeune, dans quelques films de son père, c’est surtout la passion de la musique qui les unis et les transcende. Si chère à Clint, aujourd’hui quotidien de Kyle, c’est elle qui a tissé leur relation au travers des années. </span><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;">Kyle Eastwood, contrebassiste, leader d’un brillant quintet mais également compositeur pour le cinéma, avait déjà eu l’occasion, dans son album <em>Cinematic </em>(2019), de reprendre, avec son jazzband des thèmes composés pour le grand écran. Cette fois-ci, pour embrasser pleinement les musiques qui ont peuplé le cinéma de son père, il a choisi de plonger son quintet historique au sein d’un orchestre symphonique. C’est à Prague que l’ensemble jazz a rejoint l’Orchestre National de République Tchèque (CNSO), sous la houlette du chef d’orchestre déjà lauréat d’un Grammy : Gast Waltzing. </span><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;">L’album <em>Eastwood Symphonic</em> sortira le 1er septembre 2023, en CD et double vinyle. Un livre contenant un vinyle 10 pouces exclusif est également édité à un nombre d'exemplaires limité pour le monde.</span></p>