Deauville saison 1: compte rendu de la rencontre franco américaine sur l'écriture en question (07/09/2010)

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Comme vous le savez puisque je vous en ai déjà parlé à plusieurs reprises, cette année, Deauville initiait une nouvelle section intitulée « Deauville saison 1 »  consacrée aux séries télévisées, avec pour objectif de devenir une plateforme professionnelle autour de l’écriture scénaristique. Dans ce cadre était organisée une rencontre entre scénaristes français et américains pour définir les spécificités de chacune des deux cultures et les particularités de ces deux approches du récit. La rencontre était animée par Vincent Colonna, sémiologue et écrivain en présence des auteurs Virginie Brac, Todd A.Kessler, Daniel Zelman, Glenn Kessler, Frédéric Krivine, Richard Levine, Clyde Phillips, Cathy Verney. 

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Clyde Phillips a commencé en évoquant une des séries phares dont il est le producteur exécutif, à savoir « Dexter » tentant d’expliquer son succès notamment par le fait que le protagoniste de la série fait semblant avec les autres mais pas avec l’assistance puisque la voix off révèle ses pensées à cette dernière.

Richard Levine, scénariste , réalisateur (parmi d’autres) et producteur de « Nip/Tuck » a quant à lui évoqué l’absence de censure dans cette série.  A une question de Vincent Colonna sur le paradoxe d’une société américaine conservatrice où malgré tout sont produites des séries libres et audacieuses, il a répondu tout d’abord qu’il n’y avait pas de répression à la télévision mais que néanmoins la télévision s’adressait à un public adulte et que, par ailleurs, aux Etats-Unis, il y avait toujours eu cette tradition puritaine mais également en parallèle cet esprit de conquête, de pionnier, d’audace. Deux traditions qui coexistent aux Etats-Unis.

Clyde Phillips a par ailleurs précisé que « Dexter » est diffusé sur des chaînes payantes sur lesquelle sil y a plus de liberté, tout en admettant les pressions de certaines marques pour ne pas offenser le spectateur.

Pour Daniel Zelman, notamment co-créateur et producteur exécutif de la série « Damages » la question est de savoir jusqu’où aller pour accomplir le rêve américain dans une société moraliste obsédée par la loi qui est aussi un monde où tout est possible ! Pour Richard Levine « Nip/Tuck » est en effet la métaphore de cette question puisqu’il s’agit d’essayer d’atteindre la perfection tout en faisant l’examen du coût humain de cet effort.

Pour Cathy Verney  (qui a notamment écrit et réalisé la série « Hard » pour Canal +), la qualité de Canal+ est de laisser la chance et une grande liberté aux jeunes scénaristes et réalisateurs même si elle a reconnu qu’elle avait dû se plier à une exigence : ne pas salir l’image  du personnage principal qui pour Canal + est un élément (montrer les défauts d’un personnage principal) qui nuirait à la popularité , une grande différence avec les Etats-Unis selon cette dernière.

 Virginie Brac qui a notamment écrit une nouvelle série prochainement sur France 2 intitulée « Les beaux mecs » et qui retrace 50 ans de grand banditisme en France, se dit étonnée d’avoir été soutenue par la chaîne car la structure est très sophistiquée pour la France bien qu’elle se plaigne d’une société très conservatrice. « L’élan artistique en France est à son mimimum » a-t-elle ajouté, applaudie par l'assistance tout en disant « Les experts m’ennuient » (ce n'est pas moi qui la contredirai, il faudra m'expliquer l'intérêt de cette série...)

Pour Frédéric Krivine, il y a une très grande différence dans la façon de travailler entre Français et Américains. La ressemblance est que les auteurs français et américains sont très en retard : le texte arrive trop tard pour que la série soit produite le mieux possible. L’autre différence selon lui est que la télévision américaine est très compétitive depuis 50 ans : "cela fait 50 ans qu’ils cherchent à créer le langage le plus intime possible pour créer cette addiction. " Pour Frédéric Krivine le « problème est de croire qu’il y a un problème »

Pour Clyde Phillips le fait d’écrire au préalable toute la série comme en France est « un mauvais procédé ».

Selon Vincent Colonna, chaque séquence devrait être un rouage faisant avancer l’histoire alors qu’en France trois séquences disent la même chose.  Une autre explication de ces différences est qu’aux Etats-Unis il y a 18 minutes de publicité d’où le fait qu'on peut prendre  n’importe quand et comprendre .

Pour Clyde Phillips il appartient aux scénaristes de faire le changement. Pour les scénaristes françaisn le problème est le manque de confiance des chaînes envers les scénaristes, ce à quoi Sam Karmann, présent dans l'assistance a acquiescé. 

21:26 Écrit par Sandra Mézière | Lien permanent | Commentaires (2) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook | | |  Imprimer | | Pin it! |