Festival du Cinéma Américain de Deauville 2024 - Conversation avec James Gray (11/07/2025)
Un des évènements de cette 50ème édition auquel il était pour moi impossible de ne pas assister était la conversation avec James Gray animée par Gaël Golhen. En septembre 1994, le cinéaste américain marquait les festivaliers deauvillais avec Little Odessa pour lequel le festival lui avait décerné le prix de la critique internationale.
Depuis, son œuvre singulière l'a imposé comme un des cinéastes majeurs du cinéma américain, en seulement 8 longs métrages, toujours à la frontière entre cinéma de studio et cinéma indépendant.
Récemment, il était venu présenter à Deauville Armageddon time dont je vous avais dit, ici, tout le bien que j'en pensais.
L’intégralité de sa filmographie est également projetée pendant le festival.
Voici quelques extraits de cette passionnante master class lors de laquelle il a évoqué Alain Delon, Donald Trump, et évidemment sa propre filmographie :
« On demande tout le temps aux artistes de résoudre des échecs sociaux ou politiques mais notre rôle est de communiquer la beauté, ce qui transcende tout cela. Transcender la réalité. »
« La beauté pour moi, c'est Gene Hackman, il faisait voir son âme, il offrait son âme et c'est cela qui faisait apparaître la beauté dans son jeu. »
« Pour moi, dans le monde industriel, les sociétés modernes, il y a un autoritarisme dangereux, on regarde l'économie le pays va bien, il y a des types affreux qui monopolisent la parole. Le problème vient du déclin de la religion, cela a créé un vide. On demande à des artistes de remplir ce vide. Beaucoup de gens sont en colère qu'ils n'arrivent pas à verbaliser. Le cinéma est important pour faire passer un message d'authenticité, des sentiments plus que de la vérité. »
« Les films de super héros sont des films comme Mac Do, on les consomme très vite et oublie très vite. Alain Delon donne envie de trouver le milieu entre le grand spectacle d »connecté de la réalité et l'authenticité. Transcender tout cela pour faire voir d'une autre manière la laideur qui nous entoure. »
« Pour moi, cinéma américain et français ne sont pas antinomiques. Dans les studios américains, à une certaine époque les réalisateurs étaient nés en Europe et ont émigré aux États-Unis donc ces cinéastes avaient une sensibilité européenne et l'esprit le poids de l'histoire. »
« Au moment du covid, j'ai eu envie de lire des choses que je n'avais pas lues et de redécouvrir les 7 grandes pièces de Sophocle dont Ajax qui, bien que très ancienne, est complètement d’actualité, elle parle d'une confrontation honnête avec le conflit qui existe dans nos âmes. Elle demande d'aimer les humains pour leurs défauts et pas sûrement leurs qualités. Le rôle d'un artiste est de faire aimer les humains pour ce qu'ont de plus imparfait. »
« L'artiste doit trouver une corrélation objective arriver à étendre notre sens de l'empathie pour les personnages. Faire voir un conflit interne. »
« Si vous enlevez la musique de Delerue, Le Mépris ne serait pas la moitié du film qu'il est. »
« Parfois j'échoue. Le genre est simplement une porte d'entrée dans un système narratif. J'utilise le genre pour parler d'authenticité. Le genre me permet de m'exprimer au-delà de certains codes. Le Mépris transcende toutes les règles établies, il y a beaucoup de détails qui comptent. Si on retire la musique de Delerue on se rend compte que le film n'est plus que la moitié de ce qu'il est. »
« Je considère l'opéra comme le plus grand moyen d'expression artistique qui existe. Des grands auteurs d'opéra comme Puccini ou Verdi ne sont pas contraints par le poids du réalisme. Je ne suis pas un fan d'opéra depuis le tout début. J'y suis arrivée à 25ans, 30ans. Je m'en suis servi dans The Yards. J'ai voulu atteindre cette sincérité. Pour moi l'opéra était une grande source d'inspiration. La Traviata de Verdi : moi Verdi a voulu inclure tout l'éventail des émotions humaines. »
« J'aime le blues, le jazz, le rock jusqu'à 1985, les débuts du hip hop. J'aime un peu tout. »
« Pour moi Trump violé tous les principes et idées qui sont miennes. C'est l'exact antithèse de ce pourquoi je vis. »
23:50 Écrit par Sandra Mézière | Lien permanent | Commentaires (0) | |
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