50ème Festival du Cinéma Américain de Deauville – Première – NI CHAÎNES NI MAÎTRES de Simon Moutaïrou (08/09/2024)

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En ce deuxième jour du 50ème Festival du Cinéma Américain de Deauville, ce film courageux, puissant, audacieux et sensoriel de Simon Moutaïrou a indéniablement marqué les esprits. Scénariste (notamment des remarquables Goliath et Boîte noire), pour son premier long métrage en tant que réalisateur, Simon Moutaïrou n’a pas choisi la facilité. Parmi un impressionnant casting figure le président du jury de ce 50ème Festival du Cinéma Américain de Deauville, Benoît Magimel, qui incarne un personnage particulièrement antipathique, mais toujours avec le même talent et la même intensité.

1759. Isle de France (actuelle île Maurice). ​Massamba (Ibrahima Mbaye) et Mati (Anna Thiandoum), esclaves dans la plantation d’Eugène Larcenet (Benoît Magimel), vivent dans la peur et le labeur. Lui rêve que sa fille soit affranchie, elle de quitter l’enfer vert de la canne à sucre. Une nuit, elle s’enfuit. Madame La Victoire (Camille Cottin), célèbre chasseuse d’esclaves, est engagée pour la traquer. Massamba n’a d’autre choix que de s’évader à son tour. Par cet acte, il devient un « marron », un fugitif qui rompt à jamais avec l’ordre colonial.

Le cinéaste a choisi d’aborder un sujet dont le cinéma français s’est peu emparé : celui des « marrons », ces esclaves fugitifs qui ont eu le courage de briser leurs chaines.

C’est d’abord un film de contrastes, entre le décor paradisiaque de l’île Maurice, et les horreurs indicibles dont sont victimes les esclaves. Entre le vert et le bleu de l’île, et le rouge de leur sang. Le chef opérateur Antoine Sanier a ainsi créé une réalité hallucinée, presque fantastique, avec une aura magique qui fait écho aux mythes et légendes.

C’est avant tout l’histoire d’hommes qui retrouve leur fierté, l’éloge de leur courage. Les vrais héros ce sont eux. Ce sont aussi leurs visages qui clôturent le film et cette scène d’une force tragique ineffable.

Seul Félix Lefebvre qui incarne le fils de l’esclavagiste fait preuve d’humanité. La musique d’Amine Bouhafa souligne astucieusement les moments de tension, d’horreur ou de rare accalmie.

Une expérience entre thriller et film fantastique. Un film ambitieux et marquant. Une histoire nécessaire de dignité retrouvé portée par deux comédiens remarquables, Ibrahima Mbaye et Anna Thiandoum.

23:39 Écrit par Sandra Mézière | Lien permanent | Commentaires (0) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook | | |  Imprimer | | Pin it! |