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50ème Festival du Cinéma Américain de Deauville - Critique de MY WEEK WITH MARILYN de Simon Curtis

Dans le cadre de l'hommage à Michelle Williams, ce mercredi 11 septembre, à 9H, au Casino, ne manquez pas ce film dans lequel elle crève littéralement l'écran.

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Personne encore n’avait eu l'audace ou l'inconscience de s’attaquer au mythe ultime du cinéma dont le prénom seul suffit à l’identifier, Marilyn, alors que, pourtant les biopics fleurissent ces dernières années et même ces dernières semaines ( après « Cloclo » récemment encore). Le seul qui m’ait vraiment enthousiasmée pour l’instant est le « Gainsbourg vie héroïque » de Joann Sfar qui n’est pas une simple transcription sur l’écran de l’existence du chanteur mais une audacieuse et poétique entreprise artistique (voir ma critique ici). Employer le terme de biopic pour « My week with Marilyn » est d’ailleurs inexact puisqu’il s’agit d’une manière plus ou moins habile de le contourner en ne racontant qu’une semaine de la vie de cette dernière.

Cette semaine se déroule au début de l’été 1956 lorsque Marilyn Monroe (Michelle Williams) se rend en Angleterre pour la première fois pour tourner « Le Prince et la danseuse », réalisé par Sir Laurence Olivier (Kenneth Branagh) qui en interprétait aussi le rôle principal, ou la rencontre de deux légendes, l’une du théâtre, l’autre du cinéma qui ne rêvaient finalement d’être que ce que l’autre était (une actrice reconnue pour son talent pour Marilyn, une star pour Sir Laurence Olivier). Marilyn vient de se marier avec le dramaturge Arthur Miller (Dougray Scott). Ce même été, le jeune Colin Clark (Eddie Redmayne), âgé de 23 ans, ne rêve que de découvrir les coulisses d’un tournage de cinéma. Il parvient ainsi à se faire employer comme assistant sur le plateau.  

« My week with Marilyn » est adapté de deux livres de Colin Clark « The  Prince, the Showgirl and Me » et d’un livre éponyme.

Quel plus beau et à la fois plus impossible personnage de cinéma que Marilyn qui était elle-même, déjà, un personnage dans la vie puisqu’elle interprétait constamment un rôle, se mettant en scène, maquillant son vrai visage (dans tous les sens du terme) ? Le film commence et s’achève sur une image de Marilyn sur l’écran…et ne s’en détachera d’ailleurs guère. Si c’est bien à celle qui se dissimulait derrière ce masque que le film s’attache, il ne parvient pourtant jamais à s’éloigner des clichés se contentant au contraire de les aligner (dans les deux sens du terme, des clichés sur sa personnalité à ceux, visuels, qui l'ont immortalisée).

Velléitaire et déterminée, forte et si fragile, éblouissante et égarée, entourée et si seule, tellement observée et incomprise, orgueilleuse et doutant d’elle-même, enfantine et incarnation suprême de la féminité, manipulatrice et manipulée : Marilyn réunit tous les (fascinants) paradoxes des artistes et les porte à leur paroxysme. De bien belles images dont le film ne parvient jamais à s’éloigner expliquant seulement son besoin d’amour immodéré, sa fragilité et ses failles, sommairement,  par le manque de  sa mère.

Une vraie fiction sur une artiste « quelconque » aurait été à mon sens beaucoup plus intéressante que ce biopic qui tente, maladroitement, de contourner les règles du genre. Il est vrai que Mankiewicz avec « La Comtesse aux pieds nus » et « Eve » (dans lequel jouait d’ailleurs  une certaine Marilyn) avait déjà tout et magnifiquement dit.

Forcément ici tout souffre de la comparaison. Comparaison avec ces films dans lesquels Marilyn irradiait. Comparaison avec son inimitable phrasé et démarche que, malgré son talent et ses efforts, Michelle Williams n’atteindra jamais oscillant entre un mimétisme parfois réussi (lorsqu’elle danse), et parfois frôlant le grotesque (lorsqu’elle minaude).

Si la mise en scène très classique (voix off de rigueur…) relève du téléfilm (Simon Curtis, le réalisateur, vient d’ailleurs de la télévision), la bande originale (Johnny Ace, Nat King Cole, Dean Martin et la composition d’Alexandre Desplat), la touchante naïveté du personnage de Colin (belle découverte que Eddie Redmayne) totalement ébloui et sincèrement touché par la fragilité de Norma Jean et soucieux de la protéger, et la présence toujours charismatique de Judi Dench sauvent le film (contrairement à la terrible erreur de casting de Julia Ormond en Vivien Leigh).

Le seul intérêt de ce film s’inscrivant dans la mouvance actuelle d’un cinéma nostalgique et du biopic (et qui ne prend guère de risques en s’assurant l’intérêt du public acquis à la cause du personnage)  est finalement de nous donner envie de revoir les films avec Marilyn, et notamment “Le Prince et la Danseuse” dont les scènes de tournage sont recréées ici (avec la présence étouffante de Paula Strasberg).

Un jeu de mise en abyme et de mimétisme décevant qui ne fait que renforcer le mystère fascinant des artistes dont Marilyn incarnait si bien les troublants paradoxes et  que le film de Michel Hazanavicius décrit magnifiquement en mettant en scène la solitude et l’orgueil dévorants des artistes dans "The Artist". Revoyez plutôt « The Artist » ou « La Comtesse aux pieds nus ».

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