Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Critique de DEAD WOMEN WALKING de Hagar Ben-asher (compétition - Festival du Cinéma Américain de Deauville 2018)

Synopsis : Neuf histoires courtes décrivent les derniers moments de plusieurs femmes condamnées à la peine capitale. A travers leur parole et leur regard, mais aussi ceux des personnes qu'elles rencontrent quelques heures avant leur exécution, se dessine le destin tragique de chacune d'entre elles ou comment la violence faite aux femmes, la pauvreté, les tensions raciales et l'injustice engendrent des vies brisées.

Le jury de ce 44ème Festival du Cinéma Américain de Deauville a sans doute été confronté à des choix cornéliens pour élire le Grand Prix de cette édition tant les films en lice marquent les esprits avec pour thématique récurrente des portraits de femmes confrontées, seules le plus souvent, aux vicissitudes de l’existence. C’est aussi le cas dans Dead women walking constitué de neuf histoires courtes qui décrivent les ultimes instants de plusieurs femmes condamnées à la peine capitale. La réalisatrice les cadre au plus près, de leurs visages, de leurs âmes, de leurs émotions, dans un décor glacial, presque immaculé. C’est à leurs regards qu’elle s’intéresse. Elle débusque leur humanité derrière l’atrocité de leurs actes, reconstitue par leurs témoignages le terrible parcours qui les a conduites là, dans l’antichambre de la mort : violence, pauvreté, drogue, tensions raciales… Des vies brisées. Chaque portrait, bouleversant, relate une étape avant l’exécution, ce qui exacerbe la cruauté de ce temps à la fois bref et interminable qui nous rapproche de son effroyable application. Evitant intelligemment l’écueil du manichéisme, elle montre ainsi des gardiens touchés par ces femmes ou d’autres au contraire impitoyables (les appelant par leurs numéros, leur interdisant un ultime geste de réconfort). D’ailleurs le crime qui a provoqué leur condamnation ne nous est révélé à chaque fois qu’à la fin de la séquence. Probablement pour créer une distance, la réalisatrice recourt à une musique parfois emphatique qui nuit au propos suffisamment fort pour se suffire à lui-même. La scène la plus parlante est indubitablement celle lors de laquelle la mère d’une victime et celle d’une condamnée se retrouvent côte-à-côte pour assister à l’exécution, hors champ, et s’excusent ensuite mutuellement de la peine causée à l’autre par leur faute. La démonstration implacable de l’absurdité de cet acte de « justice » qui, pour condamner l’auteur d’un meurtre, en commet un à son tour. Un vibrant plaidoyer contre la peine capitale. Eprouvant et inégal mais nécessaire.

Écrire un commentaire

NB : Les commentaires de ce blog sont modérés.

Optionnel