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COMPETITION OFFICIELLE (FESTIVAL CINEMA AMERICAIN)

  • 49ème Festival du Cinéma Américain de Deauville - Membres des deux jurys et films en compétition

    Les membres du jury

    jury festival du cinéma américain de deauville 2023.jpg

    Guillaume Canet sera entouré de :

    Anne Berest (romancière, scénariste & comédienne)
    Stéphane Bak (comédien)
    Laure de Clermont-Tonnerre (réalisatrice & scénariste)
    Alexandre Aja (réalisateur, scénariste & producteur)
    Marina Hands de la Comédie-Française (comédienne)
    Rebecca Marder (comédienne)
    Yodelice (auteur-compositeur-interprète, musicien, producteur & comédien)
     Léa Mysius (réalisatrice & scénariste)

    Les membres du jury révélation

    jury révélation Festival du Cinéma Américain de Deauville 2023.jpg

    Mélanie Thierry sera entouré : 

    Félix Lefebvre (comédien)
    Pablo Pauly (comédien)
    Julia Faure (comédienne)
    Ramata-Toulaye Sy (réalisatrice & scénariste)

    Les films en compétition

    ARISTOTE ET DANTE DÉCOUVRENT LES SECRETS DE L'UNIVERS d’Aitch Alberto 
    BLOOD FOR DUST de Rod Blackhurst 
    COLD COPY de Roxine Helberg 
    FREMONT de Babak Jalali 
    I.S.S. de Gabriela Cowperthwaite 
    LA VIE SELON ANN de Joanna Arnow 
    LAROY de Shane Atkinson 
    MANODROME de John Trengove 
    PAST LIVES, NOS VIES D‘AVANT de Celine Song
    RUNNER de Marian Mathias 
    SUMMER SOLSTICE de Noah Schamus 
    THE GRADUATES de Hannah Peterson 
    THE SWEET EAST de Sean Price Williams 
    WAYWARD de Jacquelyn Frohlich

     

  • Critique de AFTERSUN de Charlotte Wells et Jesse Eisenberg, Deauville Talent Award 2022

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    Cette journée fut marquée par deux évènements, d'une part la projection du film en compétition Aftersun de Charlotte Wells (un énorme coup de coeur pour les raisons évoquées ci-dessous) et d'autre part la remise du Deauville Talent Award à Jesse Eisenberg venu présenter sa réalisation When you finish saving the world.

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    Aftersun est un film sublimement triste, comme un soleil d’été ardent soudain masqué après avoir ébloui avec intransigeance, comme l’insouciance et l’enfance et un père qui s’éclipsent avec une brusquerie déconcertante, peut-être à tout jamais. Film impressionniste sur quelques jours d’été entre un père et sa fille en Turquie. Tous deux au bord du vide, chacun à leur manière : la fin des illusions pour l’un, de l’enfance pour l’autre. Moment suspendu, instants faussement futiles, dont on devine vaguement qu’ils sont essentiels, qu’on voudrait retenir mais comme les grains de sable qui filent entre les doigts, déjà ils périclitent entre les mailles de la mémoire. Un film gracieux, d’une délicatesse mélancolique qui charrie la beauté fugace de l’enfance devenue songe et la saveur inégalable de ses réminiscences (floues). Et puis ce dernier plan ! Celui du vide et du mystère que laissent les (êtres et moments, essentiels) disparus, que laissent les instants futiles dont on réalise trop tard qu’ils étaient cruciaux, fragiles et uniques. Celui du manque impossible à combler. Celui du (couloir) du temps qui dévore tout. Renversant d’émotions. Vous chavirerez, aussi, surtout si votre soleil d’enfance a été dévoré par l’ombre…

     

  • Critique de LEAVE NO TRACE de DEBRA GRANIK (Compétition - Festival du Cinéma Américain de Deauville 2018)

    leave no trace affiche

    Synopsis : Tom a 15 ans. Elle habite clandestinement avec son père dans la forêt qui borde Portland, Oregon. Limitant au maximum leurs contacts avec le monde moderne, ils forment une famille atypique et fusionnelle. Expulsés soudainement de leur refuge, les deux solitaires se voient offrir un toit, une scolarité et un travail. Alors que son père éprouve des difficultés à s'adapter, Tom découvre avec curiosité cette nouvelle vie. Le temps est-il venu pour elle de choisir entre l’amour filial et ce monde qui l'appelle ?

    Leave No Trace est inspiré d’une histoire vraie. A Portland, une fille et son père ont été découverts alors qu’ils vivaient depuis 4 ans dans la réserve naturelle à la lisière la banlieue de la ville. Cette histoire vraie avait elle-même inspiré le roman de Peter Rock, L’Abandon, qui, fasciné par ce fait divers, a écrit un roman inspiré de celui-ci. Evidemment, ce nouveau long-métrage n’est pas sans rappeler l’univers de Winter’s Bone (également présenté en compétition à Deauville, en 2010, et qui reçut même une nomination aux Oscars pour le scénario), quête (initiatique et d’un père) d’une jeune fille au cœur d’une forêt isolée. On pense aussi bien sûr au Captain Fantastic de Matt Ross, également primé à Deauville, même si à la fantaisie de ce dernier Debra Granik a préféré le réalisme. On y retrouve le même combat entre une vie contemporaine et une vie plus "ancestrale" au contact de la nature. La jeune fille est écartelée entre son amour pour son père (traumatisé par son passé de militaire et incapable de s’adapter à une vie plus citadine) et cette envie d’une vie moins marginale. Le film est baigné d’une splendide lumière et du regard bienveillant que la réalisatrice porte sur ses personnages incarnés par deux comédiens exceptionnels : Ben Foster et une jeune actrice australienne, Thomasin McKenzie. Et là encore, après ce parcours initiatique, le personnage féminin décide courageusement de prendre son destin en main lors d’un dénouement sublime et poignant. Trois magnifiques personnages : un père et sa fille qui, chacun à leur manière, exercent leur liberté de penser et la nature, sublimée, à la fois hostile et protectrice. Une magnifique histoire d’amour entre un père et sa fille.

  • Critique de THUNDER ROAD de Jim Cummings (Compétition – Festival du Cinéma Américain de Deauville 2018)

     

    thunder road

    Synopsis : L'histoire de Jimmy Arnaud, un policier texan qui essaie tant bien que mal d'élever sa fille. Le portrait tragi-comique d'une figure d'une Amérique vacillante.

    Thunder road est un film très différent des autres longs métrages de la compétition de ce 44ème Festival du Cinéma Américain de Deauville. Très différent en apparence seulement. Comme les autres, il dépeint en effet un personnage englué dans une quotidienneté étouffante. Comme les autres, il appelle à une nécessaire évasion. La comparaison s’arrête là car en effet, Jim Cummings est « une comète » qui a débarqué sur la planète cinéma et risque de ne pas en partir de sitôt tant son talent (de cinéaste, d’auteur et d’acteur) crève l’écran. Tout commence par un sidérant plan-séquence de plus de dix minutes qui était au départ le sujet d’un court-métrage de Jim Cummings qui lui valut une récompense à Sundance en 2016. La caméra passe fugacement sur l’assemblée d’un enterrement avant de s’attarder sur le fils de la défunte vêtu de son uniforme de policier. Il commence alors un long monologue tandis qu’un lent travelling avant nous rapproche doucement comme pour mieux débusquer les fêlures de plus en plus apparentes au fur et à mesure que le discours fantasque se déroule. Et comme tout le reste du film, autant dans son montage que dans les réactions de son personnage, Thunder road nous embarque toujours là où on ne l’attend pas. Ainsi, nous n’entendrons jamais la chanson de Bruce Springsteen qui donne son nom au film (le radio cassette enfantin qui aurait dû le diffuser pendant l’enterrement ne démarrera jamais). Ce discours d’ouverture totalement décalé, entre digressions, larmes, et pas de danse totalement improbables, nous place d’emblée en empathie avec le personnage principal, totalement démuni face à ce deuil. Tenter de danser devant un cercueil, quelle belle et déchirante métaphore de l'existence, non ? Il sera d’ailleurs de tous les plans. Et les réactions à ses fantaisies burlesques sont toujours ou presque hors champ. Il semble tenter en vain et seul contre tous de sortir de ce cadre (de cinéma et de vie) qui l’étouffe, ne lui laisse pas de répit, comme une distorsion de la réalité. Sa vie est en effet devenue un cauchemar. Dans ce cauchemar qui l’emprisonne, la folie n’est pas bien loin, qui guette. Son univers s’est écroulé avec la mort de sa mère et il ne sait plus comment gérer ses émotions dévastatrices que son éducation lui a probablement appris à masquer et qui le submergent. « On fait tous son deuil différemment on est tous uniques, il n'y a pas de bonne façon ou de mauvaise façon», entend-on dans la première partie du film qui est aussi la démonstration de cette impossibilité de faire face quand on est confronté à l’impensable. Thunder road, la chanson de Springsteen invite à découvrir le monde et à quitter la petite ville dont il est question comme un écho à ce « tu veux qu’on s’évade ? » de Jimmy Arnaud à sa fille. Certains spectateurs ou commentateurs y ont vu une farce tragi-comique. J’y ai surtout vu le bouleversant (et certes fantasque) portrait d’un homme désorienté et, au-delà, d’une Amérique déboussolée de laquelle une évasion semble possible, ou en tout cas un lendemain plus joyeux comme nous le dit cet ultime scène et ce regard final dans lequel passe une multitude d’émotions, nous étreignant nous aussi d’émotions. En plus de toutes les casquettes évoquées par Sandrine Kiberlain, Jim Cummings est aussi le musicien de son film…le tout pour un budget de 180000 euros. N’attendez pas pour découvrir ce film singulier (encore à l’affiche). Je vous le garantis, vous serez à votre tour charmé par ce personnage aussi excessif que fragile, dérouté que déroutant, interprété par un artiste plein d’énergie et de fantaisie dont, sans aucun doute, ce film signe la prometteuse éclosion.

  • Critique de WE THE ANIMALS de Jeremiah Zagar (compétition Festival du Cinéma Américain de Deauville 2018)

    we the animals

    Synopsis : Manny, Joel et Jonah s'extirpent de l'enfance, devant s'émanciper de l'amour volatile de leurs parents. Alors que Manny et Joel semblent suivre le chemin de leur père et que leur mère rêve d'aller vivre ailleurs, Jonah, le benjamin, préfère s'échapper dans un monde imaginaire qu'il a créé de toute pièce...

    « Nous sommes trois, nous sommes frères, nous sommes des rois » scande le jeune Jonah à travers le regard duquel nous est racontée l’histoire de We the animals. Jonah est le benjamin d’une famille américano-portoricaine composée de trois jeunes frères et de leurs parents. Ils vivent dans une maison perdue au milieu d’une nature chatoyante, au fond de la forêt, à la lisière du monde, dans leur monde, une maison qui pourrait être celle d’une fable. Les trois jeunes frères y ont construit leur royaume, sauvage. Seulement la vie des trois enfants n’a rien d’un conte de fée. Adapté du roman semi-autobiographique de Justin Torres, ce récit initiatique marie et manie les contrastes avec beaucoup de talent. Entre la musique, lyrique, les esquisses que dessine le jeune Jonah. Et la dureté de leur quotidien. Entre les scènes comme celle pleine de tendresse, où le père danse avec ses enfants au rythme entraînant et jovial de la musique. Et celle qui lui succède où le père pour apprendre à son fils à nager le jette brusquement dans l’eau, dans un silence fracassant. Le cinéma c’est la vitalité disait Truffaut. Ici, elle est présente dans chaque plan qui exhale le bouillonnement et le fracas de la vie. La caméra de Jeremiah Zagar se met à hauteur d’enfant et caresse de son œil attendri l’envol de l’innocence, s’attardant souvent sur leurs yeux pour mieux nous signifier que leur regard sur le monde change. La poésie et la douceur avec lesquelles ils sont filmés contrebalancent constamment la rudesse de leur quotidien. Et les dessins, mots et illustrations du jeune Jonah qui parsèment le film sont comme une invitation à l’évasion. C’est d’ailleurs par les mots qu’il s’échappera. We the animals est en effet une ode à la fraternité mais aussi et surtout au pouvoir salvateur de l’écriture qui permet au jeune Jonah d’accéder à la liberté et dans un sublime plan de s’envoler au-dessus de la forêt, de la réalité, et de se réapproprier son destin par le pouvoir magique et inestimable de l’imaginaire.

  • Critique de AMERICAN ANIMALS de Bart Layton (compétition - Festival du Cinéma Américain de Deauville 2018)

    affiche du film american animals

    Synopsis : Quatre étudiants abhorrent l'idée d'avoir une vie ordinaire et décident crânement de réaliser le plus audacieux vol d'œuvre d'art de l'histoire des États-Unis. Alors qu'ils préparent minutieusement leur coup, ces apprentis voleurs se demandent si leur recherche de sensations fortes va vraiment donner un sens à leur existence. Lorsqu'ils ont enfin un semblant de réponse, le point de non-retour est franchi et ils ne peuvent plus faire marche arrière...

    Alors que, cette année, la compétition dresse principalement des portraits de femmes qui s’emparent de leurs destins, dans American animals, ce sont en revanche 4 étudiants avides de sensations fortes qui, pour échapper à une vie qu’ils estiment trop ordinaire, décident de réaliser un vol d’œuvres d’art. Dès les premiers plans, notre attention est happée par la savante maitrise de la réalisation et du montage, et par un rythme et une musique, d’emblée haletants. Le film débute sur l’image en gros plans de leurs visages qu’ils maquillent tout comme ils masquent la vérité dans leurs propos. American animals est en effet inspiré d’une histoire vraie et le réalisateur alterne entre la fiction et les témoignages des protagonistes qui parfois se contredisent, ayant visiblement une vision tronquée de leurs méfaits. Ces animaux, ce sont ceux qui figurent sur les dessins qu’ils souhaitent dérober. Ce sont aussi ce qu’ils deviennent, perdant peu à peu leur humanité, hypnotisés par la volonté de briller qui, malgré quelques scrupules, leur fait occulter la gravité de leurs actes. Ces American animals, c’est aussi ce que nous fait devenir une société qui, si tristement, érige en héros ceux qui sont simplement célèbres, souvent pour de mauvaises raisons, si éloignées de celles qui ont conduit les œuvres que les quatre étudiants convoitent et leurs auteurs à être reconnus. American animals est certes un hommage savoureux et jouissif aux films de braquage avec des clins-d ‘œil aux cinéastes qui les ont sublimés, le réalisateur jouant avec les codes du genre pour mieux les réinventer, mais il dépasse le simple film de genre pour nous interroger sur le rapport à l’image et à la vérité. Les quatre garçons vont atteindre le point de non-retour en séquestrant la bibliothécaire qui s’occupait de ces œuvres. Le film n’atteint-il pas alors ses limites en ce qu’il glorifie d’une certaine manière ce qu’il dénonce, donnant la parole aux coupables, leur permettant de s’enorgueillir publiquement de ce qu’ils considèrent toujours comme leur « exploit extraordinaire » même si leurs propos et leur « exploit » ainsi mis en lumière sont certes contrebalancés par ceux de la victime, qui apparaît à la fin, dans toute son humilité et sa souffrance, elle qui, dans l’ombre a consacré sa vie à protéger le laborieux travail des artistes ? A vous de juger.