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  • Critique - LA PROMESSE de Terry George (Première)

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    Alors que la Première Guerre mondiale se profile à l’horizon, le puissant empire ottoman est en plein effondrement. Constantinople, la capitale autrefois prospère et rayonnante des rives du Bosphore, est sur le point d’être anéantie. Michael Boghosian arrive dans cette cité cosmopolite afin d’y suivre des études de médecine et de retourner ensuite dans son village natal de Siroun, au sud de la Turquie. Le reporter Chris Myers est également en ville pour couvrir l’actualité politique, mais aussi pour veiller sur Ana, une artiste arménienne qu’il accompagne depuis Paris et dont il est tombé amoureux. Le jour où Michael rencontre Ana, dont il partage les mêmes origines, l’attirance réciproque est immédiate, créant une rivalité entre les deux hommes. Alors que les Turcs s’allient aux Allemands et que l’empire se retourne violemment contre ses propres minorités ethniques, tous les trois se voient forcés de mettre leurs amours contrariées entre parenthèses afin de pouvoir rester en vie.  INTERPRÉTATION Oscar Isaac (Michael Boghosian), Charlotte Le Bon (Ana), Christian Bale (Chris Myers), Daniel Gimenez Cacho (le père/Father Andreasian), Shoreh Aghdashloo (Marta), Abel Folk (Harut), Andrew Tarbet (le pasteur/Pastor Merril), Angela Sarafyan (Maral), Jean Reno (l’amiral/Admiral Fournet)

    A nouveau ici il est question de guerre, de bravoure et de trio amoureux. Moins que de la rancœur et de la jalousie, il est aussi question du comportement de chacun face à la barbarie. Témoigner ? Fuir ? Rester ? Aider ? Ce film au souffle épique et romanesque indéniable, plus qu’une histoire d’amour, nous raconte la fin d’une époque, d’un monde, un génocide rarement montré à l’écran, a fortiori dans une grosse production hollywoodienne. Et même s’il ne possède pas le génie et la subtilité des épopées romanesques de David Lean, ce drame historique a au moins le mérite de relater ce génocide abominable. Après « Hôtel Rwanda » le réalisateur braque donc à nouveau sa caméra sur un drame historique passé sous silence avec pour objectif de divertir tout en faisant passer un message politique. Le film est parcouru de nombreuses maladresses (dans l’interprétation, dans l’écriture) et même si ce mélo historique, épique et romanesque manque un peu de sel et de nuances pour emporter complètement notre adhésion, il possède tous les ingrédients qui lors du dénouement suscitent notre émotion, au-delà de la raison et de la lucidité sur ses failles et défauts : l’histoire d’amour contrariée par la monstruosité humaine, les faits historiques réels et effroyables, les héros partagés entre amour, intégrité et devoir, la courageuse héroïne, la musique emphatique, les décors grandioses.

  • Critique de A GHOST STORY de David Lower (Compétition officielle)

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    Un homme décède et son esprit, recouvert d'un drap blanc, revient hanter le pavillon de banlieue de son épouse éplorée, afin de tenter de la consoler. Mais il se rend vite compte qu’il n’a plus aucune emprise sur le monde qui l’entoure, qu’il ne peut être désormais que le témoin passif du temps qui passe, comme passe la vie de celle qu’il a tant aimée. Fantôme errant confronté aux questions profondes et ineffables du sens de la vie, il entreprend alors un voyage cosmique à travers la mémoire et à travers l’histoire.

    INTERPRÉTATION |  Casey Affleck (C), Rooney Mara (M), Will Oldham (le pronostiqueur/the prognosticator)

    Tout festival qui se respecte possède son film qui divise les festivaliers. Certains ont crié au chef-d’œuvre, d’autres au film prétentieux et indigeste. Cette année à Deauville le film qui divise fut « A ghost story ». Ce film illustrait au propre comme au figuré la thématique récurrente de la compétition, celle de personnages hantés par un drame ou un deuil. Il est C. Elle est M. C meurt dans un accident de voiture et devient un fantôme. Le temps passe. Les sentiments persistent. La douleur du manque aussi. Il ne s’agit pas ici d’un film fantastique ou d’un film d’horreur comme pourrait nous le laisser croire le pitch mais d’un conte poétique et philosophique sur le deuil, l’absence, l’éphémère et l’éternel. L’impression d’étirement du temps est renforcée par le format 4/3, par de longs plans fixe, par une utilisation malicieuse des ellipses et de la profondeur de champ comme dans ce plan séquence lorsque M est filmée non pas au centre, mais sur le côté, assise par terre, mangeant une tarte entière, plantant avec virulence sa fourchette dans son assiette, et engloutissant la tarte jusqu’à l’écœurement. M est devenue aussi comme un fantôme d’elle-même, désincarnée, frappée par l’absurdité ineffable du deuil. Les réactions de rejet des festivaliers (certains) illustraient finalement parfaitement ce besoin de zapper, d’oublier, de passer rapidement à autre chose dont le film reflétait la crainte, celle du personnage principal. La photographie d’Andrew Droz Palermo, et la musique signée Daniel Hart procurent une beauté évanescente et envoûtante à certaines scènes et un supplément d’âme à ce film inclassable qui remuera les entrailles de quiconque aura été hanté par un deuil et la violence indicible de l’absence.