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CEREMONIES DE CLOTURE - Page 2

  • Palmarès du Festival du Cinéma Américain de Deauville 2011 et vidéos de la clôture

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    Je sais: mon compte rendu tarde un peu à venir mais de nombreux évènements arriveront prochainement sur mes différents blogs et je préfère donc prendre le temps (qui me manque actuellement) pour l'écrire et le publier dans ces prochains jours. Pour vous faire patienter, je vous propose donc de retrouver, ci-dessous, le palmarès en photos et vidéos (dont la vidéo de l'émouvante chanson sur New York et le 11 septembre de Tony Kaye, à ne pas manquer) avant de vous donner bientôt mon avis sur celui-ci, sur cette compétition, et sur l'ensemble de cette édition 2011.

    PRIX DE LA CRITIQUE INTERNATIONALE : "DETACHMENT" de TONY KAYE

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    PRIX DE LA REVELATION CARTIER : "DETACHMENT" de TONY KAYE

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    PRIX DU JURY : "THE DYNAMITER"  MATTHEW GORDO

     

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    GRAND PRIX : "TAKE SHELTER" JEFF NICHOLS

     

    La cérémonie du palmarès a été suivie de la projection de "The Artist" de Michel Hazananicius. Retrouvez ma critique du film en cliquant ici.

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  • Critique de « The Artist » de Michel Hazanavicius avec Jean Dujardin et Bérénice Béjo : film de clôture du Festival de Deauville 2011

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    Photo ci-dessus : crédits inthemoodforcinema.com . Conférence de presse des lauréats du Festival de Cannes 2011.

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    Photo ci-dessus : crédits inthemoodforcinema.com . Conférence de presse des lauréats du Festival de Cannes 2011.

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    Photo ci-dessus : crédits inthemoodforcinema.com . Conférence de presse du Festival de Cannes 2011 du film "The Artist".

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    Photo ci-dessus : crédits inthemoodforcinema.com . Conférence de presse du Festival de Cannes 2011 du film "The Artist".

    C’était un dimanche matin de mai 2011, le début du Festival de Cannes encore, en projection presse. Pas encore vraiment l’effervescence pour le film qui obtint la palme d’or mais un joli bruissement d’impatience parmi les regards déjà las, ou obstinément sceptiques. 1H40 plus tard, la salle résonnait d’applaudissements, pendant dix minutes, fait rare en projection presse. Le soir même, je suis retournée le voir en projection officielle. L’émotion fut la même, redoublée par la présence de l’équipe du film, terriblement émue elle aussi par les réactions enthousiastes du public, par les rires tendres, par cette cavalcade d’applaudissements qui a commencé lors de la dernière scène et ne s’est plus arrêtée pour continuer pendant un temps qui m’a paru délicieusement long. Un beau, rare et grand moment du Festival de Cannes.

    Le pari était pourtant loin d’être gagné d’avance. Un film muet (ou quasiment puisqu’il y a quelques bruitages). En noir et blanc. Tourné à Hollywood. En 35 jours. Par un réalisateur qui jusque là avait excellé dans son genre, celui de la brillante reconstitution parodique, mais très éloigné de l’univers dans lequel ce film nous plonge. Il fallait beaucoup d’audace, de détermination, de patience, de passion, de confiance, et un peu de chance sans doute aussi, sans oublier le courage -et l’intuition- d’un producteur (Thomas Langmann) pour arriver à bout d’un tel projet. Le pari était déjà gagné quand le Festival de Cannes l’a sélectionné d’abord hors compétition pour le faire passer ensuite en compétition, là encore fait exceptionnel.

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    Le film débute à Hollywood, en 1927, date fatidique pour le cinéma puisque c’est celle de l’arrivée du parlant. George Valentin (Jean Dujardin) est une vedette du cinéma muet qui connait un succès retentissant…mais l’arrivée des films parlants va le faire passer de la lumière à l’ombre et le plonger dans l’oubli. Pendant ce temps, une jeune figurante, Peppy Miller (Bérénice Béjo) qu’il aura au départ involontairement  placée dans la lumière, va voir sa carrière débuter de manière éblouissante. Le film raconte l’histoire de leurs destins croisés.

    Qui aime sincèrement le cinéma ne peut pas ne pas aimer ce film qui y est un hommage permanent et éclatant. Hommage à ceux qui ont jalonné et construit son histoire, d’abord, évidemment. De Murnau à Welles, en passant par Borzage, Hazanavicius cite brillamment ceux qui l’ont ostensiblement inspiré. Hommage au burlesque aussi, avec son mélange de tendresse et de gravité, et évidemment, même s’il s’en défend, à Chaplin qui, lui aussi,  lui surtout, dans « Les feux de la rampe », avait réalisé un hymne à l'art qui porte ou détruit, élève ou ravage, lorsque le public, si versatile, devient amnésique, lorsque le talent se tarit, lorsqu’il faut passer de la lumière éblouissante à l’ombre dévastatrice. Le personnage de Jean Dujardin est aussi un hommage au cinéma d’hier : un mélange de Douglas Fairbanks, Clark Gable, Rudolph Valentino, et du personnage de Charles Foster Kane (magnifiques citations de « Citizen Kane ») et Bérénice Béjo, avec le personnage de Peppy Miller est, quant à elle, un mélange de Louise Brooks, Marlène Dietrich, Joan Crawford…et nombreuses autres inoubliables stars du muet.

    Le cinéma a souvent parlé de lui-même… ce qui a d’ailleurs souvent produit des chefs d’œuvre. Il y a évidemment « La comtesse aux pieds nus » de Mankiewicz, « La Nuit américaine de Truffaut », « Sunset Boulevard » de Billy Wilder, enfin « Une étoile est née » de George Cukor et encore « Chantons sous la pluie » de Stanley Donen et Gene Kelly auxquels « The Artist », de par son sujet, fait évidemment penser. Désormais, parmi ces classiques, il faudra citer « The Artist » de Michel Hazanavicius. Ses précèdents films étaient d'ailleurs déjà des hommages au cinéma. On se souvient ainsi des références à "Sueurs froides" ou "La Mort aux trousses" d'Hitchcock dans "OSS 117 : Rio ne répond plus".

    Hazanavicius joue ainsi constamment et doublement la mise en abyme : un film muet en noir et blanc qui nous parle du cinéma muet en noir et blanc mais aussi qui est un écho à une autre révolution que connaît actuellement le cinéma, celle du Numérique.

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    Le mot jubilatoire semble avoir été inventé pour ce film, constamment réjouissant, vous faisant passer du rire aux larmes, ou parfois vous faisant rire et pleurer en même temps. Le scénario et la réalisation y sont pour beaucoup mais aussi la photographie (formidable travail du chef opérateur Guillaume Schiffman qui, par des nuances de gris, traduit les états d’âme de Georges Valentin), la musique envoûtante (signée Ludovic Bource, qui porte l’émotion à son paroxysme, avec quelques emprunts assumés là aussi, notamment à Bernard Herrmann) et évidemment les acteurs au premier rang desquels Jean Dujardin qui méritait amplement son prix d’interprétation (même si Sean Penn l’aurait également mérité pour « This must be the place »).

    Flamboyant puis sombre et poignant, parfois les trois en même temps, il fait passer dans son regard (et par conséquent dans celui du spectateur), une foule d’émotions, de la fierté aux regrets,  de l’orgueil à la tendresse, de la gaieté à la cruelle amertume de la déchéance.  Il faut sans doute beaucoup de sensibilité, de recul, de lucidité et évidemment de travail et de talent pour parvenir à autant de nuances dans un même personnage (sans compter qu’il incarne aussi George Valentin à l’écran, un George Valentin volubile, excessif, démontrant le pathétique et non moins émouvant enthousiasme d’un monde qui se meurt). Il avait déjà prouvé dans « Un balcon sur la mer » de Nicole Garcia qu’il pouvait nous faire pleurer.  Il confirme ici l’impressionnant éclectisme de sa palette de jeu et d'expressions de son visage.

     Une des plus belles et significatives scènes est sans doute celle où il croise Peppy Miller dans un escalier, le jour  du Krach de 1929. Elle monte, lui descend. A l’image de leurs carrières. Lui masque son désarroi. Elle, sa conscience de celui-ci, sans pour autant dissimuler son enthousiasme lié à sa propre réussite. Dujardin y est d’une fierté, d’une mélancolie, et d’une gaieté feinte bouleversantes, comme à bien d’autres moments du film. Et je ne prends guère de risques en lui prédisant un Oscar pour son interprétation, ou en tout cas un Oscar du meilleur film étranger pour Hazanavicius.  Bérénice Béjo ne démérite pas non plus dans ce nouveau rôle de « meilleur espoir féminin » à la personnalité étincelante et généreuse, malgré un bref sursaut de vanité de son personnage. Il ne faudrait pas non plus oublier les comédiens anglo-saxons : John Goodman, Malcolm McDowell et John Cromwell (formidablement touchant dans le rôle du fidèle Clifton).

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    Il y aura bien quelques cyniques pour dire que ce mélodrame  est plein de bons sentiments, mais Hazanicius assume justement ce mélodrame. « The Artist » est en effet aussi une très belle histoire d’amour simple et émouvante, entre Peppy et Georges mais aussi entre Georges et son cabot-in Uggy : leur duo donne lieu à des scènes tantôt drôles, tantôt poétiques, tantôt touchantes, et là encore parfois au trois en même temps. Hommage aussi à ce pouvoir magique du cinéma que de susciter des émotions si diverses et parfois contradictoires.

    Michel Hazanavicius  évite tous les écueils et signe là un hommage au cinéma, à sa magie étincelante, à son histoire, mais aussi et avant tout aux artistes, à leur orgueil doublé de solitude, parfois destructrice. Des artistes qu’il sublime, mais dont il montre aussi les troublantes fêlures et la noble fragilité.

    Ce film m’a éblouie, amusée, émue. Parce qu’il convoque de nombreux souvenirs de cinéma. Parce qu’il est une déclaration d’amour follement belle au cinéma. Parce qu’il ressemble à tant de films du passé et à aucun autre film contemporain. Parce qu’il m’a fait ressentir cette même émotion que ces films des années 20 et 30 auxquels il rend un vibrant hommage. Parce que la réalisation est étonnamment inspirée (dans les deux sens du terme d’ailleurs puisque, en conférence de presse, Michel Hazanavicius a revendiqué son inspiration et même avoir « volé » certains cinéastes). Parce qu’il est burlesque, inventif, malin, poétique, et touchant.  Parce qu’il montre les artistes dans leurs belles et poignantes contradictions et fêlures.

    Il ne se rapproche d’aucun autre film primé jusqu’à présent à Cannes…et en sélectionnant cet hymne au cinéma en compétition puis en le  primant,  le Festival de  Cannes a prouvé qu’il était avant tout le festival qui aime le cinéma, tous les cinémas, loin de la caricature d’une compétition de films d’auteurs représentant toujours le même petit cercle d’habitués dans laquelle on tend parfois à l’enfermer.

     « The Artist » fait partie de ces films qui ont fait de cette édition cannoise 2011 une des meilleures de celles auxquelles j’ai assisté, pour ne pas dire la meilleure…avec des films  aussi différents et marquants que  « This must be the place » de Paolo Sorrentino, « Melancholia » de Lars von Trier, « La piel que habito » de Pedro Almodovar.

     Un film à ne manquer sous aucun prétexte si, comme moi, vous aimez passionnément et même à la folie, le cinéma. Rarement un film aura aussi bien su en concentrer la beauté simple et magique, poignante et foudroyante. Oui, foudroyante comme la découverte  de ce plaisir immense et intense que connaissent les amoureux du cinéma lorsqu’ils voient un film pour la première fois, et découvrent son pouvoir d’une magie ineffable, omniprésente ici.

    Sortie en salles : le 12 octobre 2011. Vous pourrez également découvrir ce film lors de la soirée du palmarès du Festival du Cinéma Américain de Deauville, le 10 septembre…et si j’en ai la possibilité, je ne manquerai certainement pas d’y retourner une troisième fois, pour vous en livrer une critique plus précise (celle-ci étant basée sur mes souvenirs « vieux » d’il y a 4 mois).

    Un dernier petit conseil : ne regardez pas la bande-annonce (dont je n’ai pas peur de dire qu’elle m’a émue, comme le film), pour conserver le plaisir de la découverte.

    En bonus :

    - Ma critique de « La Comtesse aux pieds nus » de Mankiewicz

    -Ma critique de « OSS 117 : Rio ne répond plus » de Michel Hazanavicius

    -Ma critique d’ « Un balcon sur la mer » de Nicole Garcia

    -Ma critique des « Feux de la rampe » de Charlie Chaplin

     

  • Bilan du 36ème Festival du Cinéma Américain de Deauville

     

    Alors que dans l’actualité, dense et tumultueuse, ce 36ème Festival du Cinéma Américain de Deauville a déjà été éclipsé, je souhaitais revenir sur ces dix journées deauvillaises (et non deauvilloises comme je l’ai lu ici ou là). Une 36ème édition et pour moi une 17ème édition qui souffre de la comparaison avec les précédentes même si la compétition, initiée en 1995, était une nouvelle fois de qualité, avec huit premiers films sur les douze sélectionnés. Essor du Festival de Toronto, concurrence de la Mostra de Venise, partenariat d’Orange depuis trois ans (qui investit et s’investit moins que Canal+, précédent partenaire média du festival), volonté du CID de faire du festival avant tout une vitrine commerciale, mort de Jack Valenti et retrait de Mme d’Ornano, acteurs essentiels de la communication du festival : multiples sont les raisons invoquées à la morosité latente qui semble s’être emparée du festival.

    Etonnante édition 2010 où la télévision a volé la vedette au cinéma que ce soit par ses acteurs (Chace Crawford, Kim Catrall, America Ferrera…) ou par le style finalement très politiquement correct et formaté des films présentés derrière des sujets ou styles a priori amers ou audacieux  (« Cirus », « La famille Jones », « The kids are all right ») sans parler de Deauville saison 1, la nouvelle section consacrée aux séries télévisées dont j’ai trouvé l’initiative et les débats passionnants mais pas forcément propices à attirer le grand public.

     Bien loin semble le temps où le CID résonnait de la clameur du public, où les projections étaient ponctuées d’applaudissements effrénés, où la racine du mot festival n’avait jamais été si bien justifiée. Cette année, il aura fallu la venue d’une « star » pour adolescents, Zac Efron (voir mes vidéos de l'hystérie Zac Efron ici), pour que Deauville retrouve son effervescence d’antan, pour que l’ambiance s’électrise.

     Alors qu’il y a quelques années encore Deauville créait l’événement en programmant des films en avant-première parfois même avant leurs sorties américaines ou six mois /un an avant leurs sorties françaises, désormais les films sortent pour la plupart dans la semaine de leur projection deauvillaise (il faut dire que le piratage est passé par là et que les sorties sont désormais uniformisées) tandis que les films américains les plus attendus « Black swan » de Darren Aronofsky, « The Town » de Ben Affleck et « Somewhere » de Sofia Coppola étaient programmés à Venise. Le festival, privé des sorties événementielles, met donc désormais et plus que jamais l’accent sur le cinéma indépendant, confirmant sa réputation  de Sundance à la Française.

    Quant aux hommages qui ont longtemps consacré les plus grandes stars du cinéma américain (acteurs et réalisateurs) : Francis Ford Coppola, Clint Eastwood, James Coburn, Douglas (Michael et Kirk), Al Pacino, Robert Mitchum, Elisabeth Taylor, Burt Lancaster, Steven Spielberg et bien d’autres, ils s’adressent désormais davantage aux cinéphiles. Annette Bening, Terry Gilliam et Gregg Araki étaient ainsi célébrés cette année.  

    Côté avant-premières, quatre films sortaient du lot : tout d’abord « La dette » de John Madden projeté en avant-première mondiale, palpitante confrontation en huis-clos, thriller captivant, tragique histoire d’amour, réflexion sur les statuts de victime et bourreau et sur les indélébiles brûlures de l’Histoire, éloge de la vérité, qui souffre néanmoins d’un dénouement abracadabrantesque. Ensuite, « Fair game » de Doug Liman qui, à défaut d’être un grand film, est un témoignage historique passionnant (un film qui figurait néanmoins en compétition du dernier Festival de Cannes). J’ai également été portée, intriguée, envoûtée par la nonchalance captivante, la trompeuse lancinance, la lenteur poétique, la subtile utilisation de la lumière et du hors-champ de «3 Backyards » d’Eric Mendelsohn sur les histoires entrecroisées de trois habitants d’une ville de banlieue.  Et enfin : « Vous allez rencontrer un bel et sombre inconnu », néanmoins déjà projeté en avant-première à Cannes et dans le cadre de l’ouverture du Festival Paris Cinéma, un film dans lequel Woody Allen mêle habilement lucidité et  tendresse, sur ses personnages et la vanité de l’existence. Les dialogues sont comme toujours savoureux, tendrement cyniques. Une sorte de paradoxe que lui seul sait aussi brillamment manier : un pessimisme joyeux. Une lucidité gaie.

     La lucidité que reflétaient les films de la compétition était en revanche plutôt glaciale mais c’est pourtant là que résidait l’intérêt de ce 36ème Festival : la mise en relief d’un autre visage de l’Amérique, de l’envers du décor, du revers de l’American Dream.  Pas l’Amérique des réussites clinquantes et ostentatoires, non, celle des laissés-pour-compte, celle d’un Missouri hostile peuplé de personnalités aux visages patibulaires (Winter’s bone), celle de la consommation érigée en mode de vie et en vitrine fallacieuse (La famille Jones), celle où des soldats sont enterrés vivants et font face à une administration absurde et inique, celle de la guerre et de ses séquelles indélébiles (The dry land), celle du deuil et de l’enfance meurtrie (Morning, Mother and child, Two gates of sleep, Welcome to the Rileys). Celle où le modèle américain (familial, économique) montre ses limites, où le vernis vole en éclats.  Celle où la paternité et la maternité sont malmenées, sans doute aussi, symboliquement, la mère Patrie, l’Oncle Sam. Celle en quête d’espoir, du souffle d’un« Yes, we can ».

     Une compétition passionnante, peut-être davantage d’un point de vue sociologique que cinématographique même si des cinéastes avec des univers forts ont émergé : Alistair Banks Griffin avec son radical, contemplatif, épuré, abrupte, onirique « Two gates of sleep » très imprégné de ses pairs que ce soit Gus Van Sant, Bresson, Tarkovsky ou Ozu, dans lequel sa caméra caresse la nature à la fois rugueuse et consolatrice, silencieuse et vibrante ; Rodrigo Cortes avec son métaphorique « Buried » qui a reçu le prix de la critique internationale (même si je ne partage pas forcément l’ébahissement  général pour ce film, reposant certes sur un procédé original, mais pas entièrement abouti, et parfois artificiel qui réussit néanmoins à nous captiver avec un personnage et un lieu uniques mais finalement en nous intéressant davantage à ce qui pourrait arriver qu’à ce qui arrive réellement), et surtout le tendre, burlesque, poignant « Abel » de Diego Luna, le grand oublié du palmarès qui révèle autant un réalisateur qu’un jeune acteur, un film produit par John Malkovich qui, décidément, se trompe rarement.

     A ce film le jury a préféré l’austère et caricatural « Winter’s bone » de Debra Granik (déjà primé à Sundance), et l’insipide « The myth of the American sleepover » qui, sous prétexte de dessiner l’heure et l’âge de tous les possibles, aligne un record de clichés sur l’adolescence et dont l’annonce du prix a été accueilli par les huées du public. Ces deux films ont ainsi reçu le prix du jury ex-aequo après des heures de débat n’ayant apparemment pas permis d’obtenir un consensus, la présidente du jury, Emmanuelle Béart, n’ayant pas souhaité l’annoncer et visiblement embarrassée par ce palmarès (voir mes vidéos de l'étrange clôture, ici).

    C’est le larmoyant et néanmoins très maîtrisé « Mother and child » de Rodrigo Garcia qui a obtenu le grand prix, un film choral sur la maternité qui était néanmoins le seul de la compétition à présenter réellement un scénario construit et habile et qui doit beaucoup à ses deux actrices principales : Annette Bening et  Naomi Watts ( d’ailleurs présente dans trois films projetés à Deauville cette année, mais absente). Contrairement au grand prix 2009 « The Messenger » sorti directement en DVD, vous pourrez découvrir « Mother and child » en salles le 27 octobre (je vous en reparlerai à cette occasion).

     Quant au jury Révélation Cartier présidé par Manuel Pradal, il a choisi de récompenser « Holy rollers » de Kevin Asch, sur le trafic de pilules d’ecstasy acheminées d’Amsterdam à New York par des Juifs orthodoxes. Le jury a sans doute voulu récompenser une réalisation maîtrisée malgré un scénario parfois bancal. Dommage d’ailleurs qu’aucun des deux jurys ne se soit expliqué sur les raisons de ses choix. La présidente Emmanuelle Béart s’est seulement félicitée d’avoir effectué, « un voyage au cœur d’une Amérique pas fardée et sans super héros », mais « peuplée d’hommes et de femmes qui se battent pour vivre et qui sont en recherche de vérité et d’humanité ».

    Si cette édition 2010 n’a pas révélé de chefs d’œuvre, elle a en revanche constitué une radiographie instructive d’une Amérique, familiale et sociale, en crise (« The company men » était à ce titre très révélateur et là encore instructif à défaut d’être cinématographiquement novateur ), en quête de (re)pères. De l’avis général, la section « Docs de l’Oncle Sam » était ainsi et symptomatiquement la plus intéressante cette année mais comme il fallait bien faire des choix je me suis concentrée sur la compétition et les avant-premières.

    Alors pourquoi, malgré tout, malgré cela, malgré la tentation vénitienne suis-je revenue enthousiaste et reviendrai-je, sans doute, l’an prochain ? Le poids léger des souvenirs, certainement. Ce qu’Annette Bening a si bien qualifié de « sens de l’émerveillement », inaltéré et inaltérable, aussi. Parce que, enfin, je suis persuadée que Deauville retrouvera son second souffle, et saura tirer le meilleur de l’éclectisme de sa programmation. Ce festival reste pour moi un rendez-vous incontournable même si j’ai entendu de nombreux habitués dire, venant parfois depuis plus longtemps que moi, qu’ils ne reviendront pas l’an prochain et qui, certainement, comme moi, en septembre prochain, ne résisteront pas à la vivacité des souvenirs et de la curiosité.

    Enfin, je voulais terminer par remercier ceux qui ont quotidiennement suivi mes mésaventures. Vous avez été  très nombreux à suivre mes pérégrinations deauvillaises et j’ai été ravie de pouvoir échanger en direct avec certains d’entre vous.

    Je vous donne d’ores et déjà rendez-vous à Deauville, en mars 2011 (pour le Festival du Film Asiatique) et septembre (pour le Festival du Cinéma Américain) et en attendant vous pourrez continuer à être informés de l’actualité deauvillaise sur « In the mood for Deauville » et sur la page Facebook du festival que j’ai créée qui continuera d’être alimentée et sur laquelle je serais ravie de continuer à débattre avec vous de ce festival.

    Prochain rendez-vous festivalier : le Festival du Film Britannique de Dinard que je vous relaterai comme chaque année et qui, fort de son succès croissant, sera prolongé d’une journée. Rendez-vous donc sur la côte d’Emeraude du 6 au 10 octobre en attendant de plonger à nouveau « in the mood for Deauville » . Vous pouvez également me suivre quotidiennement sur mon blog principal "In the mood for cinema" et sur mon nouveau blog "In the mood for luxe" et en mai, en direct du Festival de Cannes sur "In the mood for Cannes".

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  • Palmarès complet et bilan du Festival du Film Asiatique de Deauville 2010

    C'est avec un peu de retard que je vous livre mon bilan du Festival du Film Asiatique de Deauville 2010, la trépidante vie parisienne ayant déjà repris son cours et m'ayant déjà entraînée dans son tourbillon.
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    Dans l'un des films en compétition, « The Eternal», son réalisateur Rituparno Ghosh fait dire à l'un de ses personnages que le cinéma ce sont des « moments fugaces ». Si je ne devais donc que garder les meilleurs moments fugaces de ce festival je me souviendrais des instants de pérégrinations amicales et cinématographiques qui ont une nouvelle fois contribué à faire de ce festival une douce et revigorante parenthèse. J'espère d'ailleurs qu'il perdurera et que cette 12ème édition ne sera pas la dernière malgré la baisse des partenaires ( baisse de 35% dit-on après une baisse déjà de 20% l'an passé et la disparition du village asiatique) et malgré le peu de public à certains films en compétition pourtant de grande qualité, et surtout particulièrement diversifiés qui ont constitué pour moi, comme chaque année, une promenade instructive dans la cinématographie et la culture asiatique, un éclairage sans concessions sur le visage de l'Asie contemporaine.

    Avec le film chinois  « Judge » de Liu Jie mon premier coup de cœur (lotus du meilleur film 2010) je me suis engouffrée dans les couloirs de la mort et de l'absurdité de la justice chinoise (cliquez ici pour lire ma critique du film), un film jalonné de plans fixes d'une acuité implacable.  Avec le film coréen « Paju » de Park Chan-ok (mon autre coup de cœur), prix du jury ex-æquo, j'ai accompagné  des destins déconstruits comme un puzzle à l'image d'une Corée écartelée entre le Nord et le Sud. Un film dont la construction habile ne nuit jamais à l'émotion mais au contraire fait qu'elle s'immisce peu à peu en vous (voir ma critique ici). Un petit bijou d'intelligence scénaristique. J'ai découvert l'atrocité du « Massacre de Nankin » dans « City of life and death » de Lu Chuan (hors compétition) aussi visuellement brillant qu'humainement insoutenable (pour moi en tout cas). J'ai eu envie de découvrir le cinéma de Mendoza, suite à sa Master class où il s'est révélé aussi prolixe que passionnant (voir mon résumé, ici).  J'ai vu deux films japonais aussi loufoques qu'inclassables, l'un (« Symbol » de Matsumoto Hitoshi) dont je vous ai déjà parlé ici qui aurait pu faire un splendide court-métrage là où la version longue le rend présomptueux et agaçant. L'autre ( « The king of jail breakers » de Itao Itsuji) dont les scènes répétitives d'un prisonnier qui s'échappe systématiquement de la prison dans laquelle il est incarcéré trouve son originalité dans une autre évasion (du ventre maternel !) filmée en caméra subjective et un final aussi ironique et diaboliquement réjouissant que le reste du film était glauque. Un film qui aurait sans aucun doute mérité le prix de la dérision. Avec « The Eternal » de Rituparno Ghosh, j'ai découvert un cinéma venu d'Inde qui sait être réflexif (réflexion sur le cinéma, la filiation) mais sans oublier Bollywood auquel quelques scènes chantées rendent hommage.  J'ai vu la première production tadjike depuis 18 ans avec « True noon »  (dont je vous ai parlé ici), film dans lequel le réalisateur Nosir Saidov a su donner des accents d'universalité  à un drame local.

    Certes, je me suis parfois ennuyée, j'ai parfois été agacée mais comme chaque année cette promenade s'est avérée enrichissante. Deauville a su montrer un visage d'une Asie hétérogène même si les différents films en compétition (qu'ils viennent d'Inde, de Corée du Sud, du Japon, de Chine, de Malaisie...) avaient  en commun de nous montrer des personnages englués dans une réalité suffocante, cherchant à échapper à leur situation et à s'évader (au propre comme au figuré) mais aussi cherchant à nous montrer leurs vrais visages même si on tente de le dissimuler derrière une frontière, des barbelés, les barreaux d'une prison. On retrouve enfin  ce même sentiment d'enfermement et cette difficulté à communiquer (que ce soit entre l'Etat et les citoyens, ou entre les citoyens).

     Je vous laisse découvrir le palmarès ci-dessous, pas vraiment surprenant, « Judge », lotus du meilleur film 2010 surpassant le reste de la sélection, le festival prouvant son indépendance en mettant en avant un film plutôt critique avec la Chine, Chine par ailleurs à l'honneur cette année (ce qui lui a par ailleurs été parfois reproché). « Paju » pouvait difficilement être écarté du palmarès pour toutes les raisons précédemment évoquées. Je n'ai malheureusement pas vu « Au revoir Taïpei » (prix du jury ex-aequo avec « Paju »). Le contemplatif et prétentieux film malaisien de Charlotte Lim Lay Kuen « My daughter » disposait de toutes les « qualités » pour remporter le prix de la critique internationale. Comme chaque année, je me suis concentrée sur la compétition et n'ai donc vu aucun film de la section Action Asia (d'ailleurs une petite requête auprès du festival, il serait bien que les films repassent davantage de fois pour permettre aux spectateurs de profiter de toutes les sélections et que reviennent les séances de deuxième partie de soirée) dont le jury présidé par Florent Emilio Siri a récompensé « The sword with no name » de Kim Yong-kyun.

    Un grand merci à notre partenaire Orange pour les 40 pass et les séjours de rêve qu'ils m'ont permis de faire gagner, et à mes  joyeux acolytes de salles obscures et d'escapades gastronomiques qui se reconnaîtront.

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    Pour voir mes vidéos de la clôture, cliquez ici.

     Le Jury Longs Métrages présidé par Pascal Bonitzer, entouré de Raja Amari, Elie Chouraqui, Anne Consigny, Sara Forestier, Safy Nebbou, Clémence Poésy, Frédéric Schoendoerffer et Bruno Todeschini a décerné les prix suivants:

    LOTUS DU MEILLEUR FILM - Grand Prix

    JUDGE de Liu Jie (Chine )

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    LOTUS DU JURY - Prix du Jury ex-aequo

    AU REVOIR TAIPEI de Arvin Chen (Taïwan/Etats-Unis/Allemagne / ) & PAJU de/by PARK Chan-ok (Corée du Sud )

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    Le jury composé de journalistes internationaux a décerné le prix suivant:

    LOTUS AIR FRANCE - Prix de la Critique Internationale

    MY DAUGHTER de Charlotte Lim Lay Kuen (Malaisie )

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    Le Jury Action Asia présidé par Florent Emilio Siri, entouré de Vikash Dhorasoo, Thierry Frémont, Samuel Le Bihan, Cécile Telerman et Malik Zidi a décerné son prix au film:

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    LOTUS ACTION ASIA - Grand Prix Action Asia

    THE SWORD WITH NO NAME de Kim Yong-gyun (Corée du Sud)

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    A suivre: l'actualité deauvillaise continue sur "In the mood for Deauville" en attendant les premières informations sur le Festival du Cinéma Américain de Deauville 2010.

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    Lien permanent Catégories : CEREMONIES DE CLOTURE 2 commentaires Imprimer Pin it!
  • En attendant...le palmarès du 34ème Festival du Cinéma Américain de Deauville

    Profitant encore de Deauville pour quelques jours (c’est honteux, je sais), il faudra patienter encore (mercredi ou jeudi) avant de lire mon bilan de ce festival, mon bilan de cette compétition 2008 (de grande qualité, dont le palmarès me ravit même si je regrettte qu'"American son" n'y figure pas,...même si j'enrage de n'avoir manqué qu'un film de la compétition et qu'il s'agisse du grand prix...), le récit de l’émouvant hommage à Ed Harris, et de nombreuses nouvelles critiques de film.

    En attendant je vous livre ci-dessous le palmarès et quelques photos et vidéos de la cérémonie de clôture (d'autres suivront également). N'hésitez donc pas à revenir sur "In the mood for Deauville" et très bientôt également le retour de l'actualité sur http://www.inthemoodforcinema.com

    PALMARES

    Grand prix

    The Visitor de Thomas McCarthy

      Prix du jury

    Ballast de Lance Hammer  

    Prix de la Révélation Cartier

    Ballast de Lance Hammer  

    Prix de la critique internationale

    Gardens of the night de Damian Harris

    Prix Michel d'Ornano

    Jean-Stephane Sauvaire (Johnny Mad Dog)

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  • "Then she found me" de Helen Hunt en clôture du 34ème Festival du Cinéma Américain de Deauville

    C'est le film "Then she found me" de et avec Helen Hunt qui clôturera le 34ème Festival du Cinéma Américain de Deauville, le 14 septembre prochain, après la cérémonie du palmarès.

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    THEN SHE FOUND ME (Une histoire de famille) de Helen Hunt avec Helen Hunt, Colin Firth, Bette Midler, Matthew Broderick...-1H40-

    then she found me2.jpgPitch: Quand son mari, lui annonce qu’il la quitte, la vie d’April Epner s’effondre, et son rêve d’avoir un enfant avec. Pas encore remise de ce premier choc, April perd sa mère adoptive et voit peu de temps après débarquer une certaine Bernice Graves, une exubérante présentatrice de talk-show, qui lui annonce qu’elle est sa mère biologique. Alors que Bernice tente d’être la mère qu’elle n’a jamais eue, April tombe amoureuse de Frank, qui comme elle, est divorcé depuis peu.

    Sortie en France: le 1er octobre 2008