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COMPETITION OFFICIELLE (FESTIVAL CINEMA AMERICAIN) - Page 3

  • Critique - THE RIDER de Chloé Zhao, Grand Prix du Festival du Cinéma Américain de Deauville 2017 en salles demain

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    Demain en salles, ne manquez pas mon coup de cœur du Festival du Cinéma Américain de Deauville 2017 (dont vous pouvez retrouver le compte rendu ici et dont est extraite cette critique) qui a reçu le Grand Prix du festival.

    Brady, un jeune cow-boy, entraîneur de chevaux et étoile montante du rodéo, voit sa vie basculer après un tragique accident de rodéo. On lui annonce alors qu’il ne pourra plus jamais faire d’équitation. De retour chez lui, il est confronté au vide qu’est devenue sa vie : celle d’un cow-boy qui ne peut désormais ni faire de rodéo ni même monter à cheval. Pour reprendre son destin en mains, Brady se lance alors dans une quête identitaire en cherchant à comprendre ce que c’est vraiment qu’être un homme au cœur même de l’Amérique.    

    INTERPRÉTATION Brady Jandreau (Brady Blackburn), Tim Jandreau (Wayne Blackburn), Lilly Jandreau (Lilly Blackburn), Lane Scott (Lane Scott), Cat Clifford (Cat Clifford

    Brady vit ainsi avec une blessure à vif, physique et morale. Ainsi a-t-il vu ses rêves, son « American dream », se briser.  Brady Jandreau, qui joue son propre rôle aux côtés de sa famille et de ses amis est vraiment une jeune star du rodéo qui a vu sa vie basculer suite à un accident et cette véracité renforce bien sûr l’émotion qui émane de chacun des plans.

    Ici pas de super héros, pas de grandiloquence, pas de chevauchées fantastiques aux sanglots longs des violons, mais un homme à terre qui essaie de trouver la voie à emprunter pour se relever et continuer à avancer. Comme il le dit lui-même, là où un animal aurait été abattu lui est « obligé de vivre ». Meurtri mais combattif.  Les scènes d’une beauté et simplicité bouleversantes s’enchainent pour dresser le portrait d’un homme que la réalisatrice regarde avec beaucoup d’humilité et de bienveillance aussi éloignée soit-elle (à l'origine du moins) du Dakota du Sud où le film est tourné.

    Après s’être immergée durant quatre ans dans une réserve amérindienne du Dakota du Sud pour réaliser « Les chansons que mes frères m’ont apprises », la réalisatrice pose ainsi à nouveau sa caméra dans cet Etat, à nouveau dans la réserve indienne de Pine Ridge. Après s’être intéressée aux Indiens, elle se penche cette fois sur ces Cowboys d’une autre Amérique, sans éclat, sans flamboyance, sans rutilance, qui combattent pour survivre. Chloé Zhao  revisite ainsi le western faisant du décor un personnage à part entière. Sa caméra caresse et sublime les corps de ces cowboys qui « chevauchent la douleur », qui bravent la nature.

    A l’image du personnage de Katie dans « Katie says goodbye » (autre film en compétition du Festival du Cinéma Américain de Deauville 2017), Brady doit faire face à un avenir sans espoir, à un parent immature, et lui aussi incarne de nombreux contrastes à l’image de cette Amérique pétrie de contradictions. La violence de l’arène dans laquelle il évolue contraste avec la tendresse dont il fait preuve avec sa jeune sœur handicapée ou son ami victime d’un accident de rodéo (ces scènes ne sont jamais voyeuristes ou larmoyantes mais pleines de sensibilité). Les immenses plaines évocatrices de liberté contrastent avec la blessure et l’arène qui l’enferment. Et c’est en renonçant au rodéo que le cowboy va devenir un homme…

    Chloé Zhao réussit une œuvre  pleine de délicatesse et de subtilité sur un univers a priori rude et rugueux. Entre documentaire et drame intimiste, son film  dresse le portrait poignant d’un personnage qui apprend à renoncer dont la force vous accompagne bien après le générique de fin et qui vous donnera envie de continuer à avancer et rêver envers et contre tout.

    Le jury qui lui a attribué le grand prix a salué sa poésie et son humanité.

  • KATIE SAYS GOODBYE un film de Wayne Roberts (compétition officielle)

     

     

    Katie, une jeune serveuse au cœur d’or, habite dans le Sud-Ouest américain et rêve d'une nouvelle vie à San Francisco. Elle vit ses premières amours et se révèle d’une honnêteté désarmante. Son empathie compulsive envers les autres fait d’elle une proie facile, et ce sont ceux qu'elle aime le plus au monde qui mettront à rude épreuve la ténacité et l’innocence qui la caractérisent.    INTERPRÉTATION  Olivia Cooke (Katie), Christopher Abbott (Bruno), Mireille Enos (Tracey), Mary Steenburgen (Maybelle), Jim Belushi (Bear), Chris Lowell (Dirk), Nate Corddry (Mr. Daniels), Natasha Bassett (Sara), Keir Gilchrist (Matty)

    Katie, avec ses boucles blondes juvéniles, son visage souriant, ses grands yeux brillants et naïfs, sa panoplie rose,  elle aussi rêve d’un ailleurs plus coloré malgré l’âpreté de l’univers dans lequel elle évolue. Katie elle aussi continue à croire en l’ « American dream » même si elle en symbolise l’échec. Oui, elle croit  Katie. Elle croit dur comme fer qu’elle va s’en sortir. Que les lendemains seront meilleurs. Elle croit en la bonté de l’être humain, aussi.  La réussite tient avant tout dans ce personnage atypique, attachant (encore), bienveillant, généreux, optimiste envers et contre tout et tous. Katie aussi est un contraste vivant. Elle vit dans un mobile home avec une mère qui passe son temps à boire et à batifoler avec le mari de la voisine. Katie vend son corps. Elle rêve pourtant du coup de foudre et est persuadée de de trouver le grand amour en la personne de celui qu’elle considère comme « le plus bel homme qu’elle ait jamais vu » (Christopher Abbott également en compétition dans « Sweet Virginia », sorte d’armoire à glace impassible qui dissimule un sombre passé et qui a pour seul objectif dans la vie d’ « éviter les ennuis »). Elle vit au milieu de nulle part, dans un lieu anachronique et sans espoir, baignée d’une lumière d’été, d’une douceur mensongère. Elle rêve de refaire sa vie à San Francisco. Olivia Cooke incarne brillamment (elle EST même) cette candide jeune femme au visage enfantin et donne corps et âme à la saisissante dichotomie entre ses rêves et la réalité, sa vie sordide et la bienveillante naïveté avec laquelle elle la regarde, et avec laquelle elle regarde ceux qui l’entourent, allant jusqu’à se sacrifier pour eux. Le dénouement est d’une émotion et d’une force saisissantes et étourdissantes. Celles du fracas entre le rêve et la réalité. Choc brutal et vertigineux. Avant l’au revoir salutaire. Un personnage qui vous « hante » longtemps après le générique de fin.

  • Critique de THE RIDER de Chloe Zhao (compétition officielle)

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    Brady, un jeune cow-boy, entraîneur de chevaux et étoile montante du rodéo, voit sa vie basculer après un tragique accident de rodéo. On lui annonce alors qu’il ne pourra plus jamais faire d’équitation. De retour chez lui, il est confronté au vide qu’est devenue sa vie : celle d’un cow-boy qui ne peut désormais ni faire de rodéo ni même monter à cheval. Pour reprendre son destin en mains, Brady se lance alors dans une quête identitaire en cherchant à comprendre ce que c’est vraiment qu’être un homme au cœur même de l’Amérique.    

    INTERPRÉTATION Brady Jandreau (Brady Blackburn), Tim Jandreau (Wayne Blackburn), Lilly Jandreau (Lilly Blackburn), Lane Scott (Lane Scott), Cat Clifford (Cat Clifford

    Brady vit ainsi avec une blessure à vif, physique et morale. Ainsi a-t-il vu ses rêves, son « American dream », se briser.  Brady Jandreau, qui joue son propre rôle aux côtés de sa famille et de ses amis est vraiment une jeune star du rodéo qui a vu sa vie basculer suite à un accident et cette véracité renforce bien sûr l’émotion qui émane de chacun des plans.

    Ici pas de super héros, pas de grandiloquence, pas de chevauchées fantastiques aux sanglots longs des violons, mais un homme à terre qui essaie de trouver la voie à emprunter pour se relever et continuer à avancer. Comme il le dit lui-même, là où un animal aurait été abattu lui est « obligé de vivre ». Meurtri mais combattif.  Les scènes d’une beauté et simplicité bouleversantes s’enchainent pour dresser le portrait d’un homme que la réalisatrice regarde avec beaucoup d’humilité et de bienveillance aussi éloignée soit-elle (à l'origine du moins) du Dakota du Sud où le film est tourné.

    Après s’être immergée durant quatre ans dans une réserve amérindienne du Dakota du Sud pour réaliser « Les chansons que mes frères m’ont apprises », la réalisatrice pose ainsi à nouveau sa caméra dans cet Etat, à nouveau dans la réserve indienne de Pine Ridge. Après s’être intéressée aux Indiens, elle se penche cette fois sur ces Cowboys d’une autre Amérique, sans éclat, sans flamboyance, sans rutilance, qui combattent pour survivre. Chloé Zhao  revisite ainsi le western faisant du décor un personnage à part entière. Sa caméra caresse et sublime les corps de ces cowboys qui « chevauchent la douleur », qui bravent la nature.

    A l’image du personnage de Katie dans « Katie says goodbye » (autre film en compétition du Festival du Cinéma Américain de Deauville 2017), Brady doit faire face à un avenir sans espoir, à un parent immature, et lui aussi incarne de nombreux contrastes à l’image de cette Amérique pétrie de contradictions. La violence de l’arène dans laquelle il évolue contraste avec la tendresse dont il fait preuve avec sa jeune sœur handicapée ou son ami victime d’un accident de rodéo (ces scènes ne sont jamais voyeuristes ou larmoyantes mais pleines de sensibilité). Les immenses plaines évocatrices de liberté contrastent avec la blessure et l’arène qui l’enferment. Et c’est en renonçant au rodéo que le cowboy va devenir un homme…

    Chloé Zhao réussit une œuvre  pleine de délicatesse et de subtilité sur un univers a priori rude et rugueux. Entre documentaire et drame intimiste, son film  dresse le portrait poignant d’un personnage qui apprend à renoncer dont la force vous accompagne bien après le générique de fin et qui vous donnera envie de continuer à avancer et rêver envers et contre tout.

  • GOOK de Justin Chon (compétition officielle)

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    Eli et Daniel, deux frères d’origine coréenne, gèrent un petit magasin de chaussures pour femmes situé dans un quartier majoritairement afro-américain de Los Angeles. Ils se lient d’une amitié profonde et improbable avec Kamilla, une jeune fille âgée de seulement onze ans. Un jour, les tensions raciales entre communautés atteignent leur paroxysme et des rixes – les tristement célèbres émeutes de 1992 – éclatent dans la ville. En cherchant à protéger le magasin, ce sont les notions mêmes de famille, de rêves et d’avenir que le trio va devoir être amené à reconsidérer.    INTERPRÉTATION  Justin Chon (Eli), Simone Baker (Kamilla), David So (Daniel), Curtiss Cook Jr (Keith), Sang Chon (Mr. Kim), Ben Munoz (Jesus)

    Là aussi, avec une précision quasi documentaire, « Gook » nous immerge dans une autre communauté, cette fois le quartier de Paramount à L.A en avril 1992, le jour où de violentes émeutes éclatent suite à la décision de justice de déclarer les policiers non-coupables d’une agression sur un jeune noir, Rodney King. Ce sont deux frères d’origine coréenne, Eli et Daniel, sur lequel le réalisateur braque sa caméra ainsi qu’une jeune fille noire de onze ans, Kamilla, qui préfère les aider à la boutique plutôt que d’aller à l’école. « Gook » est un film de contrastes. Pas seulement entre le noir et le blanc pour lequel le cinéaste a opté. Contraste entre la candeur, la naïveté des scènes entre Kamilla et les deux frères qui se chamaillent tels des enfants. Et la violence qui les environne. Contrastes entre la gaieté de leurs danses et les agressions verbales. Contrastes entre les rêves (Daniel rêve se rêve en chanteur de RnB) et la réalité (il finira par jeter sa démo car en toile de fond figurent des aboiements de chien). C’est finalement là aussi un deuil du passé qui a divisé ces deux communautés. Un autre les réunira. Entre les deux une tranche de vie et des personnages bouleversants brillamment interprétés.

  • Critique - LA PROMESSE de Terry George (Première)

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    Alors que la Première Guerre mondiale se profile à l’horizon, le puissant empire ottoman est en plein effondrement. Constantinople, la capitale autrefois prospère et rayonnante des rives du Bosphore, est sur le point d’être anéantie. Michael Boghosian arrive dans cette cité cosmopolite afin d’y suivre des études de médecine et de retourner ensuite dans son village natal de Siroun, au sud de la Turquie. Le reporter Chris Myers est également en ville pour couvrir l’actualité politique, mais aussi pour veiller sur Ana, une artiste arménienne qu’il accompagne depuis Paris et dont il est tombé amoureux. Le jour où Michael rencontre Ana, dont il partage les mêmes origines, l’attirance réciproque est immédiate, créant une rivalité entre les deux hommes. Alors que les Turcs s’allient aux Allemands et que l’empire se retourne violemment contre ses propres minorités ethniques, tous les trois se voient forcés de mettre leurs amours contrariées entre parenthèses afin de pouvoir rester en vie.  INTERPRÉTATION Oscar Isaac (Michael Boghosian), Charlotte Le Bon (Ana), Christian Bale (Chris Myers), Daniel Gimenez Cacho (le père/Father Andreasian), Shoreh Aghdashloo (Marta), Abel Folk (Harut), Andrew Tarbet (le pasteur/Pastor Merril), Angela Sarafyan (Maral), Jean Reno (l’amiral/Admiral Fournet)

    A nouveau ici il est question de guerre, de bravoure et de trio amoureux. Moins que de la rancœur et de la jalousie, il est aussi question du comportement de chacun face à la barbarie. Témoigner ? Fuir ? Rester ? Aider ? Ce film au souffle épique et romanesque indéniable, plus qu’une histoire d’amour, nous raconte la fin d’une époque, d’un monde, un génocide rarement montré à l’écran, a fortiori dans une grosse production hollywoodienne. Et même s’il ne possède pas le génie et la subtilité des épopées romanesques de David Lean, ce drame historique a au moins le mérite de relater ce génocide abominable. Après « Hôtel Rwanda » le réalisateur braque donc à nouveau sa caméra sur un drame historique passé sous silence avec pour objectif de divertir tout en faisant passer un message politique. Le film est parcouru de nombreuses maladresses (dans l’interprétation, dans l’écriture) et même si ce mélo historique, épique et romanesque manque un peu de sel et de nuances pour emporter complètement notre adhésion, il possède tous les ingrédients qui lors du dénouement suscitent notre émotion, au-delà de la raison et de la lucidité sur ses failles et défauts : l’histoire d’amour contrariée par la monstruosité humaine, les faits historiques réels et effroyables, les héros partagés entre amour, intégrité et devoir, la courageuse héroïne, la musique emphatique, les décors grandioses.

  • Critique de A GHOST STORY de David Lower (Compétition officielle)

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    Un homme décède et son esprit, recouvert d'un drap blanc, revient hanter le pavillon de banlieue de son épouse éplorée, afin de tenter de la consoler. Mais il se rend vite compte qu’il n’a plus aucune emprise sur le monde qui l’entoure, qu’il ne peut être désormais que le témoin passif du temps qui passe, comme passe la vie de celle qu’il a tant aimée. Fantôme errant confronté aux questions profondes et ineffables du sens de la vie, il entreprend alors un voyage cosmique à travers la mémoire et à travers l’histoire.

    INTERPRÉTATION |  Casey Affleck (C), Rooney Mara (M), Will Oldham (le pronostiqueur/the prognosticator)

    Tout festival qui se respecte possède son film qui divise les festivaliers. Certains ont crié au chef-d’œuvre, d’autres au film prétentieux et indigeste. Cette année à Deauville le film qui divise fut « A ghost story ». Ce film illustrait au propre comme au figuré la thématique récurrente de la compétition, celle de personnages hantés par un drame ou un deuil. Il est C. Elle est M. C meurt dans un accident de voiture et devient un fantôme. Le temps passe. Les sentiments persistent. La douleur du manque aussi. Il ne s’agit pas ici d’un film fantastique ou d’un film d’horreur comme pourrait nous le laisser croire le pitch mais d’un conte poétique et philosophique sur le deuil, l’absence, l’éphémère et l’éternel. L’impression d’étirement du temps est renforcée par le format 4/3, par de longs plans fixe, par une utilisation malicieuse des ellipses et de la profondeur de champ comme dans ce plan séquence lorsque M est filmée non pas au centre, mais sur le côté, assise par terre, mangeant une tarte entière, plantant avec virulence sa fourchette dans son assiette, et engloutissant la tarte jusqu’à l’écœurement. M est devenue aussi comme un fantôme d’elle-même, désincarnée, frappée par l’absurdité ineffable du deuil. Les réactions de rejet des festivaliers (certains) illustraient finalement parfaitement ce besoin de zapper, d’oublier, de passer rapidement à autre chose dont le film reflétait la crainte, celle du personnage principal. La photographie d’Andrew Droz Palermo, et la musique signée Daniel Hart procurent une beauté évanescente et envoûtante à certaines scènes et un supplément d’âme à ce film inclassable qui remuera les entrailles de quiconque aura été hanté par un deuil et la violence indicible de l’absence.